Intervention de éric Mildenberger

Réunion du 2 avril 2015 à 10h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

éric Mildenberger, délégué général d'Alliance police nationale :

En ce qui concerne nos interventions sur les ZAD, nous sommes mis à la disposition des préfets, et il ne nous appartient pas de nous prononcer au fond sur la pertinence de ces missions de long terme.

L'une des grandes difficultés à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui, c'est que les compagnies républicaines de sécurité sont devenues un réservoir d'effectifs pour la police nationale dans l'accomplissement de ses missions de sécurité publique. Notre syndicat réclame depuis des années que soient clairement redéfinies les missions des uns et des autres et que chacun se recentre sur son coeur de métier afin que les forces mobiles des compagnies républicaines de sécurité puissent réellement être affectées au maintien de l'ordre. Cette multiplication des emplois – je pense entre autres à l'augmentation du nombre des gardes statiques – n'est d'ailleurs pas sans répercussion sur la qualité de la formation qui, à force de devoir se diversifier, est parfois un peu bâclée.

Nous plaidons – ce qui n'est pas forcément l'avis des autres organisations – pour que les CRS redeviennent des forces très spécialisées, dotées de SMS – sections de moyens spécialisés – et intervenant là où des désordres doivent être prévenus ou endigués. À force d'être employés à des missions de sécurité publique, les CRS ont vu leur image se modifier. La peur du CRS, exprimée en 1968 à travers des slogans comme « CRS = SS », n'existe plus aujourd'hui, et notre présence sur le terrain n'a plus le même impact. Idéalement, une fois l'ordre rétabli, nos compagnies devraient pouvoir se désengager des terrains qui ont été pacifiés, mais chacun sait que le manque d'effectif empêche les forces de sécurité publique d'assurer ces missions sans notre renfort. D'où notre emploi à Notre-Dame-des-Landes, sans parler du barrage de Sivens qui dépendait de la zone d'intervention des gendarmes et où, par définition, les CRS ne sont pas censés intervenir.

La question des interpellations est à rapprocher de celle, plus générale, de la coordination sur un même théâtre d'opérations, entre unités spécialisées dans le maintien de l'ordre et unités non spécialisées. La vocation des CRS n'est pas aujourd'hui de procéder à des interpellations même si nous en avons les moyens lorsqu'il s'agit de neutraliser des meneurs. Lors des événements de Nantes, en février 2014, sont intervenues ensemble les CRS, les CDI – compagnies départementales d'intervention –, la BAC – brigade anti-criminalité – et les gendarmes mobiles, ce qui a engendré des problèmes de coordination dans les manoeuvres et nous a mis en difficulté. Je persiste donc à penser que le maintien de l'ordre doit être prioritairement confié, en particulier dans des opérations de grande envergure et face à des manifestations qui peuvent dégénérer, aux unités mobiles spécialisées, CRS et gendarmes. En tout état de cause, pour que les missions d'interpellation soient confiées aux CRS, il faudrait que leurs forces sur le terrain soient plus nombreuses, ce qui n'est actuellement pas possible puisque nous sommes largement affectés à d'autres missions dans les zones de sécurité prioritaires (ZSP), en renfort à la police aux frontières (PAF) ou dans le cadre du plan Vigipirate.

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