Je voudrais revenir en conclusion sur l'état psychologique des CRS. Les conditions d'emploi sont tendues et la fatigue qui en découle est aggravée par le manque de visibilité sur le calendrier des missions. Certaines missions permanentes sont prévues un an à l'avance, d'autres au début de chaque trimestre, mais s'y ajoutent des missions ponctuelles dictées par les besoins du moment et dont la gestion s'opère au niveau ministériel depuis les événements du 7 janvier.
Par ailleurs, le volume d'unités engagées s'établit depuis janvier en moyenne à 45 unités par jour contre 41 ou 42 auparavant, sans parler des renforts d'effectifs, d'unité à unité qui viennent encore gonfler ces chiffres. Les fonctionnaires ne disposent plus que d'une visibilité à trois ou quatre jours, et il peut leur arriver, alors qu'ils avaient prévu un week-end en famille, d'être rappelés le vendredi soir, pour faire un aller-retour à Paris avant de repartir pour une mission de trois semaines le mardi suivant.
Nous déplorons cette situation et, sans naturellement remettre en cause notre participation au plan Vigipirate, qui est une nécessité, nous souhaitons certains aménagements, notamment dans les zones concernées par le plan écarlate. Les CRS sont largement affectés à la surveillance des sièges de médias ou des lieux cultuels. Dix mille militaires ont été appelés en renfort, et le ministère de la défense a réfléchi à alléger les gardes statiques pour privilégier les patrouilles portées. Cette évolution ne semble malheureusement pas à l'ordre du jour pour les policiers qui, outre le manque de visibilité, assument donc des missions extrêmement fatigantes, en particulier lorsqu'il s'agit de gardes statiques, avec port du gilet lourd, s'étendant sur trois semaines. Il me semble donc qu'avant de s'intéresser à la goutte d'eau qui fait déborder le vase, il serait prudent de s'intéresser à toutes celles qui le remplissent.