Intervention de Stéphane Richard

Réunion du 7 avril 2015 à 17h30
Commission des affaires économiques

Stéphane Richard, président-directeur général d'Orange :

Bien entendu. Selon les zones, le déploiement du très haut débit s'appuiera ou sur la téléphonie mobile, ou sur le réseau de cuivre – dont nous sommes des militants convaincus – ou, monsieur le président, sur les satellites.

Lozérien, je connais bien les problèmes que posent la faible couverture du réseau mobile et l'état dégradé du réseau fixe. Cette dégradation, dont nous avons réellement mesuré l'ampleur l'an dernier, tient d'abord à la vétusté du réseau, pour lequel les sommes investies dans la maintenance préventive restent à peu près identiques chaque année. Rappelons d'abord quelques ordres de grandeur. Le réseau de cuivre représente 1 million de kilomètres d'artères, dont la moitié sous terre – ce qui ne facilite évidemment pas les interventions –, 15 millions de poteaux et 16 000 noeuds de raccordement ; il entraîne chaque année, pour le groupe, des investissements d'environ 500 millions d'euros – montant qui ne faiblit pas, bien au contraire – et des coûts d'exploitation de 3 milliards, et il mobilise 38 000 salariés – soit plus du tiers de nos effectifs en France – sur les 250 sites répartis sur l'ensemble du territoire. Bref, si je ne nie pas les problèmes, l'état de ce réseau est pour nous une préoccupation majeure. Plusieurs causes expliquent d'ailleurs sa dégradation, parmi lesquelles une succession d'événements climatiques exceptionnels, comme les tempêtes en Bretagne.

L'an dernier, en partenariat avec l'ARCEP, nous avons lancé un plan, assorti d'objectifs quantifiés, relatif à l'amélioration de la qualité de service sur le réseau de cuivre ; à la fin de 2014, les instances de production SAV – autrement dit les règlements de dysfonctionnements – avaient ainsi diminué de 22 %. À l'appui de ce plan, le groupe a recruté, au sein des services d'intervention concernés, 2,5 fois plus de CDI en 2014 qu'en 2013, et cette part augmentera encore de 60 % en 2015. Le budget alloué à la maintenance préventive des réseaux a quant à lui été porté à 300 millions d'euros par an, en hausse de 35 % par rapport aux prévisions initiales. Enfin, en application d'un plan de maintenance dédié, ce sont 15 000 poteaux qui sont remplacés tous les mois, selon des ordres de priorité définis.

La maintenance du réseau de cuivre est donc l'une des missions fondamentales de l'entreprise, d'abord parce que ce réseau servira encore plusieurs années, comme vecteur de la transition numérique ou pour assurer le bon fonctionnement des services d'alarme. Son extinction progressive a d'ailleurs pu être expérimentée in situ à Palaiseau – dorénavant desservi à 90 % par la fibre optique –, avec les difficultés que l'on sait pour les petites entreprises, les commerçants et les services d'alarme – notamment des ascenseurs.

Je fais donc amende honorable sur l'état du réseau de cuivre. Même si le plan mis en oeuvre avec l'ARCEP a déjà permis des progrès, ils restent insuffisants. Les remarques sur l'absence d'interlocuteur me paraissent en revanche un peu sévères : à ma demande, le responsable d'Orange pour la région du Languedoc, par exemple, s'est rendu à Florac pour une réunion de plus de 500 personnes, qui n'ont pas toutes été tendres avec lui… De surcroît, des progrès sensibles ont été réalisés dans cette région. Le groupe ne fuit donc pas ses responsabilités, et ses délégués régionaux, présents dans tous les départements, constituent autant d'interlocuteurs.

Quant au réseau mobile, son déploiement est l'une des priorités du plan « Essentiels2020 », lequel prévoit notamment une couverture intégrale, en 4G, des dix principaux axes ferroviaires à grande vitesse et des dix principaux axes autoroutiers d'ici à la fin de l'année prochaine ; le plan répondra ainsi à un problème clairement identifié. La couverture indoor sera également améliorée – y compris dans des lieux tels que les parkings – grâce à des équipements propres, mais aussi à la « voix sur Wi-Fi », autrement dit l'utilisation, à domicile, des téléphones mobiles connectés au Wi-Fi pour passer ou recevoir des appels.

Des actions ont été engagées pour réduire les zones blanches, mais, en dépit des chiffres – 99,9 % de couverture en 2G, 99 % en 3G et un peu plus de 74 % en 4G –, la situation ne peut être considérée comme satisfaisante. Les attentes, légitimes, montrent d'ailleurs que la réalité ne saurait se résumer à ces chiffres – et la remarque vaut aussi pour les nouveaux opérateurs. Le Gouvernement nous a écrit qu'il entendait mettre en oeuvre un nouveau plan, auquel nous sommes prêts à prendre notre part – autrement dit la plus grande – une fois les perspectives clarifiées.

Le sujet n'est pas sans lien avec celui des cabines, dont le maintien, dans des zones où elles ne sont plus guère utilisées du fait de la couverture du réseau mobile, n'est pas forcément un objectif en soi : les cabines téléphoniques doivent être autre chose, tout de même, que des éléments de mobilier urbain. Le coût du service universel de publiphonie se monte à quelque 28 millions d'euros par an, et celui d'une éventuelle mise aux normes pour les personnes handicapées atteindrait 74 millions supplémentaires.

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