Quant à nos relations avec la sous-traitance, elles font l'objet d'une charte, et nous participons à toutes les actions d'intérêt général en ce domaine. Nous nous efforçons de nouer des liens durables – c'est-à-dire pérennes et responsables au regard du développement durable – avec nos sous-traitants, tout en les associant à l'amélioration de la qualité puisque, souvent, ce sont eux qui sont à l'origine de la qualité perçue par le client. Le recours à la sous-traitance, de plus en plus fréquent dans le cadre du déploiement de la fibre, se fait plus rare, par exemple, pour les centres d'appel, qui reçoivent 10 millions d'appels de moins tous les ans, soit environ 15 % en volume : un tel reflux s'explique par le fait que nos abonnés trouvent des réponses sur internet, mais aussi, nous l'espérons, par la diminution des problèmes qu'ils rencontrent.
Sur le projet de loi relatif au renseignement, madame Erhel, il faut sans doute attendre d'en savoir davantage. Je ferai néanmoins deux considérations de principe. La première est qu'un groupe comme le nôtre est forcément réticent à l'idée d'accueillir des équipements qui lui sont étrangers et qui sont contrôlés par d'autres : cela comporte des risques pour la maintenance et pour la cohérence du réseau. Cela dit, les procédures sont soumises à des contrôles stricts, notamment de la part de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, l'ANSSI.
Sans rouvrir le débat sur la pêche au chalut ou à la mouche, il faut également reconnaître que le sujet soulève d'épineuses difficultés techniques, car les services de renseignement doivent s'adapter à l'explosion du nombre de communications. Plus de 90 % des affaires – y compris de terrorisme – sont aujourd'hui élucidées grâce à la surveillance des communications : on conçoit les enjeux de telles pratiques pour la sécurité. La vie privée doit bien entendu faire l'objet de protections, mais celles-ci relèveront moins des techniques elles-mêmes que de l'usage qui en sera fait : certains exemples à l'étranger montrent que les équilibres, en cette matière, ne sont pas faciles à trouver.
Sur les 15 milliards d'investissements dont je parlais, 9 milliards seront réalisés en France, soit près des deux tiers.
On a aussi évoqué les RIP. Dans les zones très denses, chaque opérateur investit en fonction de sa stratégie et de ses moyens ; la présence d'Orange y est donc logiquement forte. Dans les zones dites AMII – c'est-à-dire soumises aux appels à manifestations d'intentions d'investissement –, les opérateurs procèdent souvent à des co-investissements. Orange a ainsi conclu des accords avec SFR – même si l'on peut s'interroger sur leur avenir depuis que cette entreprise est entrée dans le giron de Numericable –, Bouygues et Free, partenaire engagé et fiable dans le déploiement du très haut débit sur le réseau fixe. L'objectif de notre plan est la couverture intégrale des zones dense et AMII.
Dans les autres zones seront signés des PPP dont la teneur dépend de la taille des collectivités. Notre groupe a été longtemps réticent à ces formules, non qu'il ne soit pas soucieux de réduire la fracture numérique, mais parce que des collectivités s'affranchissaient du cadre défini par l'ARCEP, sans considération de la cohérence géographique d'ensemble. Il faut aussi s'interroger sur le devenir d'infrastructures qui, financées par des fonds publics, représenteraient le tiers du réseau fixe : à un horizon de quinze ou vingt ans, les collectivités auraient à se justifier, comme je le fais aujourd'hui devant vous, sur son entretien et sa maintenance.
Depuis deux ans, nous nous sommes résolument engagés dans les RIP, en Auvergne, à Laval, à Saclay, à Dax, à Pau, à Saint-Lô, à Cherbourg, en Seine-Saint-Denis, dans les Hauts-de-Seine et en Seine-et-Marne. Nous le faisons en privilégiant le statut de délégataire – sans quoi nous serions épinglés par l'Autorité de la concurrence –, avec l'objectif d'être associés à environ 30 ou 35 % des opérations. Une enveloppe de 600 millions d'euros a été provisionnée pour répondre aux appels d'offres.
Orange n'a par ailleurs aucune réticence de principe vis-à-vis de l'achat de lignes produites dans le cadre des RIP : ces décisions interviennent au cas par cas, et elles justifient un dialogue constant avec les collectivités. Nous devons prendre des risques dans un contexte fortement concurrentiel, auquel les collectivités n'échappent évidemment pas.
Nous sommes favorables à de nouvelles dispositions législatives sur l'élagage, qui représente un problème pour l'ensemble des opérateurs.
L'itinérance pour la 3G arrivera à son terme fin 2017 – et se poursuivra pour la 2G, conformément aux termes de la licence accordée au quatrième opérateur. Il appartient à Free d'assurer, au-delà de cette date, une stratégie de réseau. Il peut s'agir soit de déployer son propre réseau, soit de partager un réseau existant avec un autre opérateur, soit même de racheter un réseau.
Le nombre de nos boutiques diminuera, mais dans des proportions limitées – et en optimisant les implantations – afin de préserver leur complémentarité avec le numérique. Nous avons prévu d'ouvrir, dans les grandes villes, quarante nouveaux mégastores d'ici à 2018.
La France a fait le choix d'un quatrième opérateur à une époque où ses voisins faisaient des choix inverses : le nombre d'opérateurs est passé de quatre à trois en Allemagne et de cinq à trois au Royaume-Uni ; il converge vers trois en Espagne et devrait passer de quatre à trois en Italie. Il n'est plus l'heure d'exprimer des regrets : nous avançons avec nos atouts, qui ne sont pas minces. Au reste, Orange a plutôt mieux résisté que ses homologues européens : en Espagne, par exemple, Telefónica a perdu 10 % de parts de marché au cours des quatre dernières années, contre 1,5 % pour Orange, qui a pourtant dû faire face à l'arrivée d'un nouvel opérateur.
Notre groupe est fortement implanté dans les outre-mer, avec pour principe d'y réaliser tout ce qu'il réalise en métropole, moyennant une adaptation aux réalités du terrain. Il y a quelques semaines, je me suis ainsi rendu à La Réunion pour le lancement de la fibre optique à Saint-Denis et à Saint-Pierre. Orange a bien entendu des projets de déploiement similaires, sur ses fonds propres, dans d'autres territoires ultramarins ; il s'est aussi porté candidat au RIP de la Guadeloupe, et envisage d'en faire de même pour le RIP de La Réunion.
Malgré un relief accidenté, la couverture du réseau mobile est assez bonne à La Réunion, et l'est un peu moins en Guadeloupe et en Martinique. Nos antennes radio sont prêtes pour le passage à la 4G, lequel s'effectuerait en un ou deux mois sur l'ensemble de l'île ; mais nous attendons le feu vert de l'ARCEP.
Nous entendons, dans les outre-mer comme en province métropolitaine, oeuvrer dans l'écosystème numérique, en particulier à travers le programme « Orange Fab », accélérateur de jeunes entreprises en région, où, d'ailleurs, le groupe est déjà présent. De fait, l'enjeu n'est évidemment pas seulement parisien.
Nous menons aussi une politique ambitieuse en matière d'apprentissage, lequel constituait d'ailleurs le thème de mon déplacement à Lyon, il y a quelques jours, au côté de M. Rebsamen. Orange accueille 6 000 apprentis en alternance en France, soit 7 % de ses effectifs – taux bien supérieur aux prescriptions en la matière –, et a l'intention de poursuivre dans cette voie. Si nos effectifs en France diminuent globalement, nous continuons de recruter chaque année près de 2 000 personnes, dont une majorité d'apprentis – étant entendu que seule la moitié d'entre eux est « recrutable », de sorte que la proportion des apprentis embauchés en CDI tous les ans est d'environ un tiers. Bien qu'il n'ait pas toujours eu bonne presse, l'apprentissage me semble être un excellent moyen d'insertion professionnelle : la France pourrait aller plus loin en ce domaine. Au sein du groupe, 7 000 salariés sont volontaires pour assurer un mécénat de compétences, un tutorat ou un parrainage auprès des jeunes inscrits dans les programmes mis en oeuvre avec le monde éducatif.