Intervention de Patrick Blasselle

Réunion du 26 mars 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Patrick Blasselle, président du directoire d'Invest PME :

Invest PME est une société de gestion agréée par l'Autorité des marchés financiers (AMF), aux normes AIFM (Alternative Investment Fund Managers), et qui a pour actionnaire principal le groupe Siparex. Alors que ce dernier pèse environ un milliard d'actifs sous gestion, Invest PME, représente une cinquantaine de millions d'euros en gestion directe, montant qui devrait passer à soixante-dix millions d'ici à quelques semaines. Nous sommes donc petits, régionaux, et fiers de l'être.

Nous contribuons à l'activité régionale du groupe Siparex, qui se déploie sur plusieurs régions françaises. Invest PME est essentiellement présente dans les régions Bourgogne et Franche-Comté, ainsi que, par le biais d'un fonds national d'amorçage (FNA), en Alsace, aux côtés d'un partenaire, Alsace Capital.

Nous gérons en Bourgogne et en Franche-Comté une large palette d'interventions concernant les PME, entreprises qui sont notre coeur de métier, plutôt que les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Cette palette va de l'amorçage à la post-création, au développement, à la transmission, en passant, depuis fin 2009, par la consolidation financière. Nous ne sommes pas à proprement un fonds de retournement mais plutôt un fonds de redéploiement et un fonds de consolidation des entreprises « en difficultés conjoncturelles et surmontables ». Ce dernier terme est de notre invention, mais il est parlant. Il ne s'agit pas d'accompagner des entreprises qui n'ont pas de projet et vont a priori dans le mur, mais des entreprises confrontées à une difficulté financière et qui, pour assurer leur rebond, nécessitent une intervention en haut de bilan. En outre, à la différence d'un fonds de retournement, nous n'apportons pas un nouveau management. Nous sommes en effet toujours minoritaires et nous travaillons avec le management en place, en tentant d'améliorer la gouvernance par l'apport de méthodes de travail et d'outils différents, y compris des méthodes de reporting. Nous ouvrons également des portes.

Notre action repose sur le professionnalisme et la rapidité. Dès lors que nous sommes saisis, nous mettons très rapidement en place une commission des accompagnateurs de ces entreprises, qu'il s'agisse des banques, de la BPI, des régions, voire de l'État par le biais des procédures Cochef, qui permettent l'échelonnement des dettes fiscales et sociales. Notre expérience, en matière de PME, c'est qu'il n'y a de rebond possible que si tout le monde va dans le même sens et si aucun intervenant ne profite d'une opération pour se retirer de l'entreprise. Ces fonds sont aujourd'hui sous la responsabilité d'une personne qui a vécu des dépôts de bilan en tant que gestionnaire de trésorerie et a travaillé pour des cabinets de consultants contactés par des syndicats et des comités d'entreprise dans des affaires en grande difficulté.

Le fonds numéro un a terminé sa période d'investissement. Il a accompagné treize entreprises au total, ce qui représente quelque mille emplois sauvegardés. Certaines de ces PME ont connu un véritable rebond. L'une d'entre elles est passée de trois millions à dix millions d'euros de chiffre d'affaires en moins de dix-huit mois, grâce à des marchés certes exceptionnels mais pérennes. Nous savons que ce chiffre d'affaires, ne serait-ce que par le besoin en fonds de roulement (BFR) engendré, aurait pu financièrement condamner cette société. D'autres sont devenues des leaders dans leur secteur en termes d'investissement. Quelques reprises post-redressement judiciaire (RJ) ont également eu lieu, qui se sont concrétisées par des succès. Ce fonds a connu trois échecs, lesquels ont tout de même été amortis par les mécanismes de garantie, notamment de la BPI, à la satisfaction des souscripteurs de ces fonds.

Il est important de citer ces souscripteurs, qu'il a été de notre tâche de convaincre. L'entreprise en difficulté n'est pas un segment sur lequel on peut facilement mobiliser des investisseurs. Ces souscripteurs sont majoritairement privés – à une toute petite majorité. Dans la partie publique, on trouve les régions, mais aussi Bpifrance Investissement. Parmi les investisseurs privés, figurent essentiellement les banques mutualistes régionales, qui ont trouvé dans ce fonds le moyen d'accompagner des entreprises régionales mais aussi une forme d'investissement citoyen, qui peut s'avérer rentable. Petite particularité : nous sommes parvenus, pour les deux générations de fonds, à mobiliser des industriels, par le biais de fonds de revitalisation.

Le fonds numéro deux est tout jeune. Il a déjà réalisé trois investissements, dont une belle consolidation dans la filière bio en Franche-Comté. Quant au fonds en Rhône-Alpes, de trente millions d'euros, il a déjà pris dix-huit participations, pour un montant d'investissement de l'ordre de 9 millions.

En conclusion, le point fondamental pour nous, c'est notre présence minoritaire, sans intervention dans la gestion. Ces PME souffrant cependant tout autant de défauts de fonds propres que d'insuffisances en termes de gouvernance, il est nécessaire de renforcer la gouvernance, quitte, le cas échéant, à procéder à des recrutements.

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