Intervention de Patrick Blasselle

Réunion du 26 mars 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Patrick Blasselle, président du directoire d'Invest PME :

Pour les fonds régionaux de proximité que nous gérons, la BPI, à savoir Bpifrance Investissement, en tant que fonds de fonds, est incontournable. Sans elle, il faut être clair, les fonds ne se montent pas. Elle représente 25 % de nos fonds.

Cette participation a deux mérites. Le premier, parce qu'elle exerce un effet de levier sur l'ensemble de l'écosystème : régions, banques régionales, industriels. Le second tient au fait que la palette de la BPI comprend un accompagnement par le biais de garanties, sur les prêts ou les fonds propres. Ce dernier point présente à mon sens des possibilités d'amélioration, car la situation a été plus favorable qu'elle ne l'est actuellement.

L'effet de levier est particulièrement indispensable dans les fonds de consolidation ou de retournement, car le principal frein, s'agissant des entreprises en difficulté, est le risque. Nos investisseurs, même publics, n'ont pas vocation à abonder des fonds pour perdre de l'argent ou en faire perdre au contribuable. Qu'ils ne veuillent pas forcément gagner des sommes considérables, cela fait partie de la stratégie d'aménagement du territoire, mais l'argent public, pour nous, gestionnaires privés, est aussi précieux que l'argent privé, et il faut y faire tout autant attention.

Le frein principal est donc constitué par les notions de risque et d'exposition, qui justifient l'intervention des professionnels que nous sommes. Car investir dans une entreprise en difficulté, c'est aussi faire prendre des risques à l'investisseur : même une affaire qui tourne sans problème majeur – encore que la plupart des entreprises soient amenées à passer par de bonnes et de mauvaises phases – induit une exposition de l'investisseur sur le plan financier, mais aussi sur celui de la responsabilité, ce que la plupart des investisseurs de nos fonds ne souhaitent pas : Jean-Louis Grevet, Franck Kélif et moi-même sommes en quelque sorte rémunérés pour être exposés en direct et prendre nos responsabilités.

Le frein que constitue le risque doit être atténué d'une part par l'action publique – des régions et de la BPI –, d'autre part par des garanties qui n'existent presque plus sur la partie fonds propres. Ceci est dommage, car si on trouve une vraie stratégie d'accompagnement par la garantie dans l'innovation, ce qui me paraît normal, elle n'existe pratiquement plus en ce qui concerne les entreprises en difficulté, alors qu'elles pourraient ainsi bénéficier d'un effet multiplicateur.

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