Intervention de Jean-Louis Grevet

Réunion du 26 mars 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Jean-Louis Grevet, président de Perceva :

Pour ce qui est des 10 % que représente Bpifrance au sein de notre pool de 350 millions d'euros, j'insiste sur le fait que nous choisissons nos investisseurs autant qu'ils nous choisissent. Nous avions, pour gérer nos fonds, tout à fait la capacité de trouver suffisamment d'argent à l'étranger, étant donné le fort intérêt pour le métier que nous pratiquons en France : il y a une forte demande, à laquelle les équipes présentes ne suffisent pas à répondre. Si nous avons choisi de nous associer à Bpifrance, c'est en raison d'un effet d'image évident, pas tant pour Perceva – bien que nous soyons ravis de pouvoir dire que Bpifrance figure dans le tour de table – que vis-à-vis des entreprises avec lesquelles nous travaillons. Au-delà de la nécessité de gagner de l'argent, le rôle de l'actionnaire consiste aussi à rassurer les dirigeants sur la pérennité du projet et la qualité de l'actionnariat. Quand on cite le nom de Bpifrance, cela contribue grandement à les rassurer.

Vous m'avez également demandé comment on pouvait réussir à contrer les dynamiques de fonds plus spéculatifs, visant des dossiers plus importants. Fin 2014, le verrier Arc International a été repris par PHP, un fonds américain dont je n'avais jamais entendu parler. Cet exemple est loin d'être le seul. Dans de nombreux dossiers, l'investisseur qui se présente doit être capable d'investir 50 à 100 millions d'euros pour l'augmentation de capital. Or, bien que disposant de fonds importants, Perceva doit respecter des règles de division des risques imposées par ses investisseurs. Ainsi, un fonds doit comprendre six ou sept investissements dont chacun peut atteindre 40 millions d'euros : si nous voulons aller au-delà, nous devons construire un tour de table afin d'apporter un complément en fonds propres et éventuellement sous forme de dette, c'est-à-dire d'emprunt – ce que font très bien les Anglo-saxons. Certains de nos investisseurs étrangers sont prêts à compléter le tour de table en fonds propres, mais souhaitent en contrepartie être partie prenante à la décision. Dès lors que nous sortons de l'enveloppe de 40 millions d'euros, cela implique un processus de décision d'investissement. Dès lors, ceux qui vont examiner le dossier sont le plus souvent basés à New York, Londres, Amsterdam, ou en Suisse et, même s'ils nous font confiance, ils sont très loin de la réalité de l'entreprise. De ce point de vue, Bpifrance présente un avantage considérable, celui d'être sur le terrain, au contact direct des situations, ce qui lui permet de très bien comprendre notre métier, donc de faciliter les cofinancements avec Perceva.

Pour ce qui est de l'apport sous forme de dette, nous aimions le système proposé par Oséo à l'époque où cet établissement existait encore. Aujourd'hui, Bpifrance s'est considérablement outillée et professionnalisée – elle fait appel à des personnes extrêmement compétentes –, mais nous ressentons une difficulté liée à la décentralisation des décisions de financements. Ce mode de décision décentralisée est très performant pour les entreprises qui vont bien – la BPI fait intervenir des décideurs régionaux très efficaces – mais, pour ce qui est des entreprises en difficulté, il me semble qu'il serait plus judicieux de recourir à des mécanismes de type « affaires spéciales » – des services dédiés aux entreprises en difficulté – comme on en trouve au sein de toutes les grandes banques françaises.

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