Nous sommes confrontés à deux problématiques : celle du temps – il faut se décider vite –, et celle du financement du besoin en fonds de roulement (BFR). Alors que dans le dispositif Oséo, il était procédé à une analyse individualisée de chaque dossier au niveau central, c'est désormais au niveau local que se font les analyses de la BPI, et selon le critère de la PME européenne : quand une PME est recapitalisée de façon majoritaire par un fonds d'investissement, elle n'est plus éligible en tant que PME européenne, ce qui a pour effet de la priver de l'intégralité des supports que BPI peut lui accorder pour son activité courante.
Notre objectif essentiel consiste à recapitaliser l'entreprise, lui redonner une virginité par rapport à l'ensemble des partenaires de financement – banquiers, assureurs crédit, fournisseurs, sociétés d'affacturage. Dès lors que l'on vise le cycle d'exploitation normal de l'entreprise, il est important, pour que celle-ci puisse croître et se redéployer, qu'elle soit en mesure de bénéficier de concours bancaires classiques – généralement au bout d'un an ou deux. Aujourd'hui, la BPI ne peut pas intervenir sur les sociétés dont nous sommes actionnaires, ni comme caution, ni en garantie de bonne fin. Nous avons recapitalisé des groupes industriels qui soumettaient des appels d'offres sur des marchés importants vis-à-vis de grands groupes, mais aucune de nos participations n'est éligible aux garanties de bonne fin habituellement mises en oeuvre par la BPI. De ce fait, il n'est pas rare que des entreprises fragilisées, mais ayant retrouvé le chemin de la croissance après avoir été recapitalisées, et ayant un BFR croissant du fait de bonnes performances économiques, ne soient pas éligibles aux garanties que pourrait leur procurer la BPI. C'est là un vrai frein à l'activité.
Dans le cadre de nos tours de table, nous bénéficions souvent d'une très bonne visibilité, d'un très bon accompagnement des pouvoirs publics locaux ou des partenaires bancaires régionaux. Dans l'équation globale initiale d'une recapitalisation, il faut être capable de dire assez rapidement si la BPI va pouvoir intervenir. Le fait de devoir discuter au niveau local sur des engagements parfois trop importants au regard des délégations régionales pose problème, c'est pourquoi une centralisation nationale, calquée sur ce qu'était le dispositif d'Oséo, serait utile pour offrir une solution durable aux entreprises que nous recapitalisons.