Je ne compte plus le nombre de fois où nous avons dit à des chefs d'entreprise que si nous ne souhaitions pas nous engager auprès d'eux pour un certain montant, nous étions en revanche disposés à étudier leur dossier pour le double. L'idée n'est pas d'investir le plus possible, quitte à ce que l'argent dorme ou soit mal investi, mais il faut savoir porter un regard entrepreneurial sur les situations, avoir conscience du fait que c'est toujours plus long, plus risqué, plus cher que prévu, et anticiper les imprévus.
Les investisseurs dans les entreprises en difficulté ne sont pas légions. C'est un métier indispensable à l'économie française, mais qui fait un peu peur. C'est pourquoi, à notre petite échelle, nous sommes nous-mêmes souvent à la recherche de co-investisseurs, qu'il s'agisse des équipes de la BPI en région – notamment pour la garantie – ou de l'État. Cela dit, nous devons respecter des règles de division des risques. Avec notre implantation prochaine en Bourgogne, nos fonds vont doubler de taille et nous permettre d'atteindre des niveaux d'intervention supérieurs, tout en restant minoritaires.
Je considère qu'une réflexion devrait s'engager au sein de la BPI afin de monter un fonds national de co-investissement dédié à des opérations régionales – toujours en mode minoritaire – afin de produire un effet de levier. Aujourd'hui, Bpifrance n'intervient pas comme investisseur direct en fonds propres dans les entreprises en difficulté, l'une de ses règles d'investissement excluant la présence de pertes au cours des trois années précédentes. Or, lorsque nous investissons 500 000 euros ou 600 000 euros dans une affaire, il serait intéressant que BPI puisse co-investir au moyen d'un fonds spécifique. Dans le cadre de notre fonds de première génération, un euro investi dans une entreprise se traduisait parfois par l'entrée de dix euros dans les caisses de cette entreprise : il est évident que cet effet serait démultiplié si nous pouvions compter sur un co-investisseur.