Ce débat est extrêmement difficile pour tout le monde. Du fait du manque d’organes dans notre pays, beaucoup de gens meurent. Nous y sommes tous sensibles et nous pouvons en être moralement choqués.
L’on peut donc comprendre l’amendement de M. Touraine, mais n’est-ce pas une manière trop brutale d’inverser la situation ? La loi Caillavet, votée il y a plusieurs années, n’est peut-être pas satisfaisante mais elle donne des pistes. Je reconnais qu’il n’y a pas assez de cartes de donneurs d’organes – seulement 85 000, me semble-t-il. L’on peut se reprocher de ne pas en avoir suffisamment fait la publicité, de ne pas l’avoir mieux organisée, de ne pas avoir davantage aidé les associations de donneurs d’organes. Cela étant, la situation est assez inégale sur le territoire. Il semble que l’on donne plus volontiers ses organes en certains endroits qu’ailleurs. Sans doute aurait-il fallu comparer les CHU, les groupes hospitaliers ou les régions, pour en chercher les causes. Il ne s’agit pas d’un problème religieux, historique ou culturel : simplement, certaines équipes travaillent différemment et savent mieux aborder cette question avec les familles.
C’est l’inverse de cette méthode qui sera pratiqué. Imaginez le choc des familles, à qui on n’aura pas demandé leur avis et qui découvriront ce que vous savez sur le corps de leur proche accidenté ! C’est une vision de la situation très différente. C’est un choc, qui peut en outre aussi poser des problèmes d’ordre religieux. Chacun ne sera pas traité de la même manière. Nous en avons discuté partout sur l’ensemble du territoire : les religions appréhendent différemment la mort et les prélèvements et nous devons en tenir compte.
Pour toutes ces raisons, nous ne sommes pas favorables à cet article.