Effectivement, les thèmes abordés par cette proposition de résolution sont proches de ceux que nous avons évoqués lors de l'examen de la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt de 2014, qui avait pour thème central l'agro-écologie – consistant à rapprocher le mode cultural de l'agronomie, de la qualité et du travail des sols, au service d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement.
La question de la mixité, que la Commission européenne prévoit de supprimer, mérite d'être examinée avec une grande prudence. Dans un pays de polyculture, il faut qu'il soit possible de cultiver, au sein d'une même exploitation, certaines parcelles en bio et d'autres en agriculture conventionnelle. L'interdire serait une grave erreur.
Une autre question importante est celle de l'harmonisation des réglementations au niveau européen, à laquelle se rattache la question des contrôles aux frontières – compte tenu des importations de produits bio de Chine, de Turquie ou d'autres pays, où les contrôles ne sont pas les mêmes que ceux pratiqués en Europe. Plus généralement, il ne faudrait pas que la défense du bio soit l'arbre qui cache la forêt et que l'on se donne bonne conscience grâce à une petite partie de la surface agricole française exploitée en bio tout en continuant à polluer allégrement les sols et les sous-sols sur le reste du territoire, et à mettre en danger la santé des consommateurs. Nous nous honorerions à nous fixer un objectif de non pas 20 %, mais 80 % de culture bio dans notre pays. Aujourd'hui, qu'est-ce qui empêche que tout le massif allaitant du Massif central, mais aussi de toutes les montagnes, soit exploité en bio – c'est-à-dire en élevage extensif, à l'herbe ? Nous devons nous poser les bonnes questions si nous voulons parvenir à déverrouiller les choses un jour.
Aujourd'hui, il n'est pas rare que des exploitants se voient contraints d'abandonner le bio pour des raisons tenant aux règlements européens. Dans le Périgord, on constate un mouvement de reflux en ce qui concerne la nuciculture, alors qu'elle avait atteint un taux d'exploitation en bio de 40 % – notamment grâce à la mise en place d'une aide de 900 euros à l'hectare durant cinq ans. Malheureusement la directive « nitrates », qui réglemente les pratiques en matière d'épandage de fumier, est tellement sévère que les exploitants préfèrent renoncer au bio. Il me semble que nous devons essayer de nous adapter plus efficacement aux réalités du terrain, et faire preuve d'une plus grande ambition en ce qui concerne les surfaces cultivées de façon biologique en France.