Cette audition se tient au vingt et unième jour d'une grève qui montre surtout l'attachement des salariés à une Radio France ambitieuse. Elle se tient aussi peu avant un comité central d'entreprise sur lequel, au nom du groupe GDR, je voudrais vous interroger.
La crise de confiance dont on parle aujourd'hui naît sans doute d'une contradiction : tous les contrats d'objectifs et de moyens, la tutelle, la représentation nationale elle-même expriment toujours des ambitions fortes, et justifiées, puisqu'elles fondent l'existence même d'un service public financé à 90 % par l'argent des contribuables ; mais, dans le même temps, le même ministère de tutelle, la même représentation nationale expliquent que les contraintes budgétaires s'imposent, et réduisent les moyens. J'ai retrouvé cette contradiction dans votre projet stratégique : vous réaffirmez des ambitions élevées, vous souhaitez maintenir l'identité des sept chaînes, vous soulignez l'importance de l'information, de la musique, de la culture, la nécessité de rencontrer de nouveaux publics et de moderniser… Puis vous faites des propositions pour un retour à l'équilibre financier. Et, alors que le ministère annonce le versement d'une dotation dans des conditions que vous nous préciserez, les mesures préconisées sont bien traditionnelles : réduction des charges de fonctionnement, réductions d'emploi – une nouvelle fois, c'est bien l'emploi qui est la variable d'ajustement –, poursuite de la syndication…
Vous ouvrez ensuite des pistes : évolution du mode de fonctionnement de l'ensemble des secteurs d'activité et des métiers de Radio France, réforme des moyens de production, redimensionnement des quatre formations musicales… Ces propositions sont-elles celles que vous présenterez tout à l'heure devant le comité central d'entreprise ? Je ne vois rien là qui puisse permettre de construire un dialogue social, et donc de dessiner une sortie de crise. Si vous avez reçu des assurances sur une nouvelle dotation, allez-vous avancer d'autres idées, notamment pour préserver l'emploi ? Pouvez-vous préciser en quoi consistent les réformes et les évolutions que vous évoquez ?
Mes paroles ne visent pas à distribuer, à la tutelle ou à la direction de Radio France, de bons ou de mauvais points. Si nous avons une ambition pour l'audiovisuel public, alors il faut lui donner les moyens d'être à la hauteur de cette ambition.