Intervention de Sophie Dessus

Réunion du 8 avril 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Dessus :

Dans les jours de tourmente que traverse Radio France, nous ne pouvons que remercier le président de la Commission de vous avoir invité, et vous remercier, monsieur Gallet, d'avoir accepté cette invitation. Notre débat, ce matin, ne peut pas se limiter à la présentation du projet stratégique de Radio France : on ne peut pas construire sur des sables mouvants. Il est essentiel pour nous de vous entendre, comme il est nécessaire que vous entendiez les voix qui montent vers vous : ces vingt et un jours de grève révèlent un malaise profond chez les salariés. Depuis plus de dix ans, un déficit supérieur à 250 millions d'euros a été accumulé, et la réhabilitation de la Maison de la radio s'est révélée un gouffre financier ; aujourd'hui, votre image de jeune PDG prometteur est devenue désastreuse dans l'opinion, et le dialogue social est à l'arrêt.

Personne ne niera que l'État, dans un contexte budgétaire tendu, a diminué ses dotations ; le rapport de la Cour des comptes confirme que des restructurations et des modernisations sont indispensables. Mais votre solution d'un plan de 300 à 380 départs dits « volontaires » est violente ! Les dépenses occasionnées par le chantier de la Maison ronde ont plus que doublé depuis le plan présenté par Jean-Marie Cavada, et nul ne songe à dire que Mathieu Gallet est le seul responsable de cette situation ; mais les articles qui paraissent semaine après semaine dans le Canard enchaîné ont des effets dévastateurs dans l'opinion. Les citoyens paient une redevance qui doit leur permettre d'écouter une radio publique diversifiée, indépendante et de qualité – mais cette radio est devenue muette. L'effet est tout aussi dévastateur sur l'ensemble des personnels de Radio France, prêts à faire des efforts, mais qui attendaient un projet qu'ils n'ont pas vu venir. Ils faisaient confiance à leur nouveau patron ; ils viennent de voter contre lui une motion de défiance.

Si Mme la ministre a pu apporter des réponses apaisantes sur le maintien des orchestres et sur une aide au chantier, les suppressions d'emplois demeurent un vrai problème, comme le lourd tribut payé au redéploiement des moyens par le réseau local France Bleu, sacrifié sur l'autel de la rentabilité, et qui n'a plus aujourd'hui de moyens pour produire.

Est-ce cela que vous appelez « l'esprit du service public » ? Il me semble que le service public exige intégrité et respect de l'intérêt général. Des réponses données pour résoudre ce conflit dépendra l'avenir de notre radio publique, qui ne doit pas devenir une radio comme les autres. Notre rôle est de demeurer vigilants.

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