Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 7 avril 2015 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Le mouvement de grève à Radio France est historique, tant par sa durée que par son ampleur et cela en dit long sur le grave état de crispation du dialogue social dans cette maison. De nombreuses situations décrites par les syndicats ne sont pas sans évoquer ce qu'a pu traverser France 3 avant d'arriver au malaise social et au mal-être décrit par de trop nombreux salariés de ce groupe. Je veux parler ici du manque de vision claire pour l'avenir, d'un projet stratégique qui ne semble pas partagé par les personnels qui font vivre l'audiovisuel public ainsi que d'économies que l'on impose à celles et ceux qui produisent ce que nous écoutons ou regardons. Si la situation économique est difficile et n'épargne personne, il faut prendre en considération les conséquences des coupes budgétaires et leur gravité car, se servir de l'humain comme variable d'ajustement, c'est s'en prendre à celles et ceux qui travaillent à la qualité des émissions, des informations diffusées mais aussi à notre richesse culturelle comme à notre patrimoine. Aussi suis-je très inquiète au sujet de ce qui se passe à Radio France.

Certes, le CSA n'est pas responsable des difficultés budgétaires du groupe, mais la nomination de Mathieu Gallet s'est bien faite en fonction d'un projet stratégique. J'aimerais donc en savoir un peu plus sur celui-ci et sur votre vision du service public que doit défendre Radio France dans les choix futurs restant à effectuer, particulièrement dans la perspective du futur contrat d'objectifs et de moyens (COM). Cela nous permettra peut-être de mieux comprendre ce qui se passe.

Pour éviter de se retrouver dans la même situation que Radio France, il me paraît essentiel que la procédure de nomination applicable à France Télévisions soit la plus transparente possible, notamment en ce qui concerne le projet présenté par la personne qui sera retenue. Cela permettrait probablement de mieux savoir dans quelles eaux nous naviguons. Je souhaiterais aussi savoir comment le CSA entend concilier à la fois l'indépendance de l'institution dans le choix final et la feuille de route de l'État. À cet égard, je partage l'analyse de votre rapport d'activité selon laquelle il convient de mieux affirmer l'identité respective de chaque chaîne et j'en profite pour insister sur l'attachement des écologistes à faire de France 3 la chaîne des régions.

Qu'il s'agisse de France Télévisions ou de Radio France, les situations conflictuelles que connaissent les deux groupes, émaillées par des grèves et des plans de départ, illustrent combien il est urgent de mener une réflexion de fond sur le financement de l'audiovisuel public afin d'apporter des solutions pérennes permettant d'avoir un service public de qualité. Assiette de la redevance, financement par la création, voilà autant de pistes qu'il conviendrait de suivre. En ce qui concerne la publicité sur Radio France, j'entends que le nombre d'annonceurs devrait être augmenté, cela ne me ravit guère, vous vous en doutez, et je m'interroge sur l'éthique présidant au choix des annonceurs car entendre des publicités sur l'optimisation fiscale sur le service public peut choquer. J'en profite d'ailleurs pour rappeler, et vous le savez, notre attachement à la neutralité du net.

Je souhaite aussi revenir sur d'autres enjeux présents dans votre rapport d'activité ; prenons tout d'abord la fameuse question de la chronologie des médias. Il est désormais urgent de dépasser les bonnes intentions afin que l'offre légale et la vidéo à la demande deviennent intéressantes pour le public, je pense à la qualité du produit proposé, à sa date de disponibilité ou encore son prix à la location. J'ai l'impression qu'on ne cesse d'identifier les problèmes sans que rien ne change. D'où ma question : comment avancer concrètement ? Je ferai la même remarque au sujet de la radio numérique terrestre. Je tiens aussi à indiquer combien la question des plafonds de concentration peut être épineuse et je vous invite à la plus grande vigilance au regard des conséquences possibles pour les radios indépendantes. Je vous avais déjà alerté sur cette question par le passé.

Je suis par ailleurs très heureuse de trouver dans votre rapport le souhait de soutenir les télévisions locales – cet enjeu nous tient à coeur. Je m'associe à vos inquiétudes en ce qui concerne la retransmission des manifestations sportives sur des chaînes gratuites, il faudra rester vigilant et aboutir de façon tangible.

Dans votre volonté de donner aux associations et aux fondations un meilleur accès aux médias, vous pouvez compter sur le soutien des écologistes. Je souhaite enfin insister sur une autre question qui, elle aussi, a besoin d'être concrétisée : notre société est très diverse mais cette diversité ne s'incarne encore pas assez sur nos antennes. Je vous sais volontariste sur cet enjeu et vous avez donné des rendez-vous en juin et à l'automne, j'espère que cela se traduira au plus vite dans les faits.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion