Je m'exprimerai davantage en tant que parlementaire qu'en tant que président de BUSINESS France. Je sais, pour avoir été pendant treize années rapporteur du budget du commerce extérieur à l'Assemblée nationale, que c'est un sujet très complexe, auquel, du reste, très peu de parlementaires s'intéressent. Moi, il m'a rendu cyclothymique : je traverse des périodes d'euphorie et des périodes de grand pessimisme…
Lorsque M. Renk nous dit que l'entrepreneur sait à peine dans quel pays il atterrit et qu'il ne parle pas anglais, je déprime d'autant plus que c'était déjà vrai il y a trente ans. C'est affligeant ! En revanche, lorsque j'entends le représentant de COFACE nous expliquer la façon dont il se bat pour connaître les PME, je suis euphorique. Quelle révolution ! Il paraît loin, en effet, le temps où, interrogé sur l'action de COFACE en faveur des PME, son représentant me répondait que l'activité privée rapportait beaucoup d'argent et qu'il n'était pas intéressé par l'activité de garantie publique. L'action de M. Drouin à la tête d'Oséo m'a rendu également optimiste.
Il est vrai cependant que tout n'est pas réglé. Que veut l'entreprise ? Un accompagnement, une assurance, indispensables, et une aide. Elle doit en effet être aidée dans sa prospection des marchés. Interviennent dans ce domaine BUSINESS France et les CCI, qui connaissent bien les entreprises. Mais leurs actions respectives ne doivent pas être cloisonnées. Je dois me rendre à Moscou la semaine prochaine dans le cadre du dialogue franco-russe et, lorsque j'ai demandé à rencontrer certains chefs d'entreprise, la directrice d'Ubifrance m'a répondu que, selon la convention, cela relevait désormais de la chambre de commerce ! Plus que la convention, c'est la pratique qui compte, et elle suppose une véritable coordination. Nous savons tous que d'une région à l'autre les résultats sont différents : les uns ont choisi l'ouverture quand les autres préfèrent rester dans leur pré carré. Le rôle des régions, qui est du reste discuté dans le cadre du débat parlementaire sur la loi NOTRe, est important à cet égard.
Il est un autre élément, fondamental, que personne n'a encore évoqué et sur lequel je veux insister : l'évaluation. Tous les gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, veulent améliorer la situation de notre commerce extérieur ; tous ont identifié nos points forts et nos points faibles dans ce domaine. Mais qu'en est-il de l'évaluation ? Ce qui compte pour une entreprise, c'est le bilan financier. Or, sur ce point, le mutisme est total. Il peut s'expliquer par le secret des affaires, mais le bilan du commerce extérieur se fonde sur des chiffres et non simplement sur des courants d'affaires.
L'évaluation peut-elle être fondée sur le nombre des entreprises exportatrices ? Cela n'a aucune signification : mieux vaut avoir 120 000 entreprises exportatrices qui gagnent que le double, dont 80 000 n'y réalisent pas de bénéfices. La préparation à l'export et l'accompagnement de celles qui réussissent sont donc une nécessité.
L'évaluation peut-elle être fondée sur le nombre de Volontariats internationaux en entreprise (VIE) ? Ce dispositif est extraordinaire s'il est bien utilisé : les VIE, qui parlent anglais ou espagnol et sont formés pour créer du relationnel et un partenariat avec les entreprises sur place, accompagnent les PME pour les faire réussir à l'export. Mais une diminution de leur nombre serait un bon signe, car cela signifierait que les entreprises accompagnées ont réussi.
Ce qui compte, c'est la qualité de l'évaluation. Or, dans ce domaine, nous sommes insuffisants. Pourriez-vous me dire aujourd'hui quelles sont les parts respectives de la baisse du prix du pétrole, de la baisse de l'euro et des gains des entreprises dans l'amélioration de notre commerce extérieur ? Je ne connais pas la réponse…