Intervention de Denis Baupin

Réunion du 14 avril 2015 à 17h00
Commission spéciale pour l'examen du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin, rapporteur :

Dans ce cas, je prolongerai mon propos en présentant l'amendement CS679 qui vise à porter à 0 % la part du nucléaire en 2040. Cet objectif qui était, il y a encore peu, une prérogative des écologistes, est quasiment devenu aujourd'hui une proposition de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) car son scénario à 100 % d'énergies renouvelables montre que cela est possible et à un coût compétitif. C'est ce que j'ai dit ce matin au colloque organisé par l'Agence. Lorsqu'on a présenté dans la presse ce scénario comme légèrement plus coûteux que des scénarios comportant une part de nucléaire, le coût du mégawattheure était estimé à 80 euros. Le scénario de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), qui comporte lui aussi une part de nucléaire, estime ce coût à 90 euros. Quant au coût estimé pour l'EPR de Hinkley point, si l'on parvient à le construire un jour, il est aujourd'hui estimé à 125 euros.

La proposition du 100 % renouvelable présente donc aujourd'hui un évident avantage environnemental en termes de sécurité et de coût. Si AREVA est en état de faillite virtuelle, c'est certes dû au fait d'opérations peu astucieuses – je vous renvoie aux propos de l'administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies renouvelables (CEA), actionnaire majoritaire – mais aussi que la société perd un milliard par an parce qu'elle n'a pas su s'adapter à la situation post-Fukushima. Le business model français du nucléaire s'est écroulé.

Quant à l'EPR de Flamanville, le budget et le calendrier ont explosé. Et l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) et l'Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire (IRSN) ne sont pas certains de valider les cuves… Dans ces conditions, l'avenir de la production électrique de notre pays est en question. Si nous ne savons pas construire de nouveaux réacteurs et si nous ne sommes pas sûrs de pouvoir prolonger l'existant au-delà de quarante ans, l'urgence d'une alternative au nucléaire devient un sujet de préoccupation majeur. Je m'étonne d'ailleurs de l'ironie de certains, nous devrions tous partager ce souci car la production électrique du pays est menacée si tout ce que nous savons aujourd'hui au sujet de la situation de la filière nucléaire est avéré.

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