Selon les statistiques de la Banque de France – qui sont partielles puisqu'elles ne comptabilisent que les déclarations de concours supérieures à 25 000 euros –, 38 milliards d'euros de crédits ont été distribués l'an dernier aux TPE, lesquelles sont pour moitié des entreprises artisanales à hauteur de 60 % des entreprises individuelles. Les sociétés de garantie, qui ont vocation à accompagner le financement de ces entreprises, ont été créées pour combler des failles de marché. Elles ont pour mission d'encourager les entreprises, ou de les dissuader lorsque le projet économique ne semble pas viable. N'oublions pas en effet qu'il s'agit d'une économie de proximité, dont les marchés sont très étroits ; il convient donc de porter une attention particulière à l'analyse du risque de crédit.
Le capital de la SIAGI, créée en 1966, est détenu à 60 % par les chambres de métiers et de l'artisanat, à 25 % par les banques et à 15 % par Bpifrance, laquelle est d'ailleurs actionnaire d'autres sociétés de garantie – je pense à l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) et à la Société de garantie mutuelle des associations (SOGAMA). La SIAGI, quant à elle, intervient dans le secteur artisanal. Outre le partage du risque avec la banque, elle assume un rôle d'expertise.
La garantie représente environ 10 % des 38 milliards de crédits distribués, ce qui ne signifie pas pour autant que les failles de marché représentent 10 % de l'ensemble. Toutefois, selon le dernier rapport de l'observatoire du financement des TPE et de l'institut supérieur des métiers (ISM), en date de février 2014, 75 % à 80 % des demandes de financement des TPE sont satisfaites. La part de demandes non satisfaites s'explique sans doute par de bonnes raisons, notamment économiques, mais aussi par le manque d'éclairages donnés au réseau bancaire.
À cet égard, je voudrais insister sur la différence qui existe entre les mécanismes de garantie et Bpifrance et sur leur complémentarité. Cette différence est nécessaire dans la mesure où le financement de l'économie suppose que le spectre d'intervention soit large, à la fois généraliste et spécialisé.
En quoi sommes-nous complémentaires ? Nous avons décidé, il y a quelques années, de travailler le plus en amont possible de la décision de la banque. Ainsi les chargés de clientèle bancaires nous sollicitent-ils pour se faire une première opinion de la faisabilité d'un projet – sur 10 000 sollicitations, nous en écartons rapidement 2 000, soit parce que le projet ne tient pas la route, soit parce qu'il est dangereux pour l'entrepreneur.
Mais nous intervenons encore plus en amont, puisque nous avons mis en place un dispositif de pré-garantie, pour lequel nous nous appuyons sur les réseaux consulaires et les organisations professionnelles, chargés de réaliser le premier tri économique. Nous nous sommes en fait inspirés des lettres d'intention créées par une société de garantie croate mais, à la différence de cette dernière, qui émet ces lettres directement, nous avons choisi de faire intervenir les corps constitués, afin de bénéficier d'un meilleur maillage du territoire et d'assurer un traitement individuel des TPE. J'ajoute que nous veillons à ce que le coût économique de ce type de dispositifs reste raisonnable. De fait, ces interventions très en amont constituent la partie la plus dépensière de la chaîne de valeur car, pour les 2 000 dossiers que nous écartons, nous avons réalisé une expertise sans être rémunérés.
Par ailleurs, nous partageons avec Bpifrance un quart de nos dossiers, selon la problématique de risque. C'est ici que joue notre complémentarité : la garantie publique intervient lorsque le risque devient moins supportable pour un système mutuel. Je rappelle que les banques privées peuvent assumer environ 80 % des risques, les 20 % restants étant assumés pour une part par le cautionnement mutuel, qui repose sur la solidarité professionnelle, et pour une autre part par la solidarité régionale ou nationale.