Merci, monsieur Casanova, d'avoir un peu cassé l'idée selon laquelle proportionnelle égale instabilité. On ne peut pas en effet en rester à cet argument : il faut aller plus loin. Merci aussi d'avoir souligné que le mode de scrutin implique une certaine conception du régime politique. On le voit bien aujourd'hui en France, où le Président tout juste élu, du fait du quinquennat et de l'inversion du calendrier électoral, réclame sa majorité. Les élections législatives sont dès lors réduites à la lui donner, tous les candidats et toutes les candidates qui ont vocation à la former s'affichant d'ailleurs avec la photo du nouveau chef de l'État en guise de caution. Les élections législatives s'en trouvent dévalorisées.
Vous avez par ailleurs évoqué la question de justice que pose la nécessaire représentation des sensibilités politiques, des idées politiques des électeurs et des électrices. Or le mode de scrutin actuel enracine le bipartisme, peut-être demain le tripartisme, et enracine le système de l'alternance à cause duquel la déception s'installe de plus en plus vite et à cause duquel le rejet de la politique et l'abstention s'accroissent.
Un système proportionnel ne donnerait-il pas aux électeurs et aux électrices la possibilité de mieux se retrouver dans la vie politique française, de se sentir représentés, et ne permettrait-il pas de casser l'image de deux partis « raisonnables » ayant chacun à ses côtés un parti « extrême », selon votre expression ? Le scrutin proportionnel devrait assurer un débat d'idées plus clair, plus engagé puisque les partis dominants n'auraient pas à tenter d'attirer le reste de l'électorat en faisant des concessions sur leur projet de société.
Enfin, j'y insiste, la proportionnelle ne garantirait-elle pas une meilleure représentation de la population à travers ses élus, hommes et femmes politiques ? On a vu que le mode de scrutin des élections municipales et régionales avait permis la parité, ce qui n'est pas une mince avancée, mais aussi, tout de même, de mieux voir représentée la diversité de la population. Etendu aux élections législatives, ne permettrait-il pas aux électeurs et aux électrices de mieux se reconnaître dans les hommes et les femmes portés aux responsabilités ?