Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 10 avril 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

On peut adresser de nombreuses critiques aux partis politiques, mais il ne faut pas oublier que ce sont des lieux d'éducation populaire. Des hommes et des femmes issus de tout milieu peuvent, grâce à leur engagement politique, apprendre énormément en s'ouvrant à de nombreuses questions, puis exercer des responsabilités électives. Le spontanéisme favoriserait l'élite, qui dispose immédiatement des moyens permettant d'être élu. Si l'on obtient un mandat par la seule grâce du diplôme de Sciences Po, la représentation politique perdra beaucoup de sa richesse et de sa capacité à se faire l'écho de la volonté du plus grand nombre.

Dès que l'on se rend dans un collège ou un lycée, on doit expliquer qu'il n'existe pas d'école formant à la fonction de maire ou de député. Il est difficile de faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'un métier ! De très nombreux élus – notamment les conseillers municipaux et départementaux – travaillent parallèlement à l'exercice de leur mandat. Le Parti communiste français n'a plus les moyens d'employer des permanents ; c'est regrettable, car les hommes et les femmes issus de milieux populaires ont besoin de temps pour remplir les devoirs d'un élu et doivent donc être dégagés de leurs charges professionnelles. Les partis ont promu de nombreuses personnes provenant de milieux divers et ont ainsi beaucoup apporté à la démocratie.

Face à un événement ou à la prise de parole d'un élu ou d'un ministre, les médias demandent simplement aux responsables politiques de réagir – la question que l'on nous pose est d'ailleurs plutôt « Quelle est votre réaction ? » que « Quelle est votre opinion ? » On est obligé d'entrer dans ce jeu, car, pour beaucoup de gens, la perception de notre action dépend de notre exposition dans les médias et notamment à la télévision. Dans ce cadre, un débat d'idées est-il encore possible ? Il y a quelques jours, j'ai eu la chance de participer à une émission où nous étions quatre pour parler d'un seul sujet – la grève des salariés de Radio France – pendant quarante minutes ! Nous avons ainsi pu exposer nos convictions, mais cela reste l'exception. Parler trois minutes à la télévision ne permet pas de nourrir un débat démocratique approfondi. Les médias et les dirigeants ont une responsabilité partagée dans cette situation.

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