Intervention de Virginie Tournay

Réunion du 10 avril 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Virginie Tournay :

Je suis d'accord avec vous, madame, pour estimer que les mécanismes et la portée du concept d'accélération s'avèrent dépassés pour rendre compte de la complexité du monde social. Quel impact possède, selon vous, le séquençage sur notre évaluation de la légitimité des institutions politiques ?

Il est vrai que l'on ne peut pas penser le temps politique sans s'intéresser aux espaces politiques. Les systèmes globalisés de mobilité structurent de plus en plus notre temporalité, ce qui pose la question de l'adaptation des institutions. Les attentes des citoyens en matière d'organisation des services publics évoluent, et de fortes tensions existent entre les horaires d'ouverture, les délais d'attente, les formulaires administratifs et la dématérialisation du temps et de l'espace permise par les nouvelles technologies numériques. Ces dernières effacent l'unité de temps, de lieu et d'action de nos institutions culturelles et politiques. Comment devons-nous accompagner ces transformations ? Les espaces politiques ne se limitent plus aux frontières territoriales, si bien que l'on doit chercher à concilier la réalité institutionnelle concrète et celle engendrée par le numérique. Comment devons-nous procéder ? Comment penser l'adaptation des politiques publiques à la désynchronisation des temps et à la déterritorialisation ?

Vous opposez le temps médiatique à celui du politique, mais je ne suis pas certaine qu'il soit possible de distinguer le temps du politique des temporalités de la société, car le premier est consubstantiel des secondes. Certains hommes politiques très médiatisés veulent accaparer l'attention des gens et ont ainsi tendance à les faire vivre dans un présentisme permanent. Les élus appartenant à des groupes sociaux, il s'avère délicat de séparer le politique de la société. Faut-il vraiment opposer les temporalités pour penser la communication et la légitimité politiques ?

Vous avez insisté sur la transformation de notre rapport quotidien au temps : comment ce changement se répercute-t-il dans nos représentations concrètes de la vie politique ? Rejaillit-il sur la charge symbolique de nos rituels institutionnels ? A-t-il un impact sur la façon de concevoir notre histoire nationale ? N'oublions pas que le temps politique est avant tout la représentation que les citoyens en ont !

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