Si l'économie circulaire est centrée sur le recyclage et le réemploi, nous parlons de la même chose. Mais évoquer à son propos un nouveau modèle économique n'est pas dénué d'ambiguïté. Vous défendez en réalité un processus qui va bien au-delà du simple recyclage. Assumez donc de défendre un nouveau modèle économique ! Libre à vous de ne pas croire à la croissance générée par le modèle actuel, mais je vous reproche de ne pas expliquer à nos concitoyens les changements qu'implique dans leur vie quotidienne le nouveau modèle que vous leur proposez. Or il ne s'agit pas de modifications à la marge mais d'une rupture radicale.
Je ne conteste pas qu'à l'horizon d'un siècle ou d'un demi-siècle nous ayons un problème d'hydrocarbures, mais je ne partage pas l'analyse de M. Alauzet sur le nucléaire. Si le législateur pousse aujourd'hui au démantèlement de notre parc, c'est uniquement pour des raisons idéologiques, car l'on sait pertinemment que les nouvelles générations de centrales vont permettre un recyclage total des déchets. (Exclamations sur les bancs du groupe écologiste.) Par ailleurs, vous n'évoquez jamais l'économie circulaire pour ce qui concerne le photovoltaïque ou l'éolien, comme si ces énergies ne consommaient aucune matière première et qu'elles étaient recyclables à 100 %. Il suffit de lire cet excellent ouvrage qu'est L'Âge des low tech de Philippe Bihouix pour se persuader du contraire. Je dénonce l'hypocrisie qui consiste à prétendre que les problèmes ne se posent pas de la même manière pour les énergies vertes et le high-tech que pour le nucléaire. Je n'adhère pas au nouveau modèle que vous défendez. Je crois, moi, en la croissance schumpeterienne, en l'innovation et dans le progrès technique, qui doivent nous permettre de repousser les limites du monde fini.