Intervention de Sébastien Laye

Réunion du 9 avril 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Sébastien Laye, entrepreneur :

Quant au droit de réponse exercé par la BPI, madame la présidente, je dirais que c'est manquer de respect aux autorités politiques que de prétendre que « les présidents de région ne décident d'aucun financement particulier ». Ces derniers veulent, comme il est légitime, attirer des investissements dans leur région. Qui se connecte sur le site de la région Bourgogne y lira ainsi que la région mobilisera très prochainement BPI afin de mettre en place de nouveaux outils d'investissement en Bourgogne. Il y a donc bel et bien une co-gouvernance avec les autorités politiques. Nous déplorons même qu'elles ne contrôlent pas plus étroitement le travail des hauts fonctionnaires.

Aussi Nicolas Dufourcq a-t-il tort, quand il répond au magazine Challenges, de se présenter comme le gérant d'un fonds classique, dénué de dimension politique, tels Blackstone ou BlackRock. S'il a déclaré que « les lignes de l'ancien FSI ne sont pas de si mauvais investissements pour le patrimoine des Français puisque les cessions ont rapporté en 2013 quatre cents millions d'euros de plus-value », force est de constater qu'un milliard d'euros ont été perdus depuis cette date dans Eramet, CGC, Vallourec ou encore Technip.

L'État doit-il vraiment être un gérant de hedge fund pour générer des plus-values ? Je ne le crois pas ; ce n'est d'ailleurs pas la fin poursuivie par l'établissement du FSI puis de la BPI. Nous avons formulé quelques propositions à périmètre et à budget constant pour l'État. Nous suggérons qu'il opère une sélection dans ses 6 milliards d'euros de participations cotées. Qu'il possède 26 % ou 15 % d'Eramet ne change pas grand-chose pour lui, mais les fonds ainsi dégagés, aux environs de trois ou quatre milliards d'euros, pourraient être mobilisés pour d'autres projets.

Nicolas Dufourcq se défend de ce que l'action de Bpifrance au service de l'innovation et des start-ups relèverait de la seule communication, en soulignant que la France se hisse au premier semestre 2014 au deuxième rang en Europe dans le domaine du capital-risque. Malheureusement, le capital-innovation a diminué en France de 8 % sur l'ensemble de l'année 2014, contrairement à ce qu'il annonçait. Faut-il considérer que la BPI comble dès lors un vide énorme ou, au contraire, qu'elle évince encore les entrepreneurs et les sociétés de capital-risque ? En d'autres termes, la situation serait-elle pire sans la BPI ou décourage-t-elle en réalité l'initiative privée dans le domaine du financement de l'innovation ?

Il nous est également reproché de ne pas faire de présentation ex ante à la BPI des analyses de notre observatoire BPIWatch. En réalité, ils ont été informés, puisque nous avions rencontré M. Antoine Boulay, directeur des relations institutionnelles de la BPI.

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