La question de la sécurité concerne plus le marché gazier que le marché pétrolier, qui est mondial, liquide et offre une diversité de fournisseurs. L'approche géopolitique des fournisseurs de gaz est en effet importante, sachant que l'Europe est d'abord approvisionnée par la Norvège – dont la production est en déclin –, la Russie – confrontée aux tensions que l'on connaît – et l'Algérie – dont la situation géopolitique est compliquée. S'ajoutent les projets du corridor sud, notamment ceux relatifs au gaz provenant d'Azerbaïdjan, qui offrent à l'Europe des quantités limitées. Les options de diversification d'approvisionnement restent donc réduites.
Par ailleurs, on ne peut mettre de côté la question de l'offre, car certains pays d'Europe de l'Est sont fortement dépendants de la Russie. L'Union de l'énergie mise sur la solidarité entre États membres. Or, pour pouvoir faire bénéficier à l'Europe de l'Est du gaz provenant de l'Europe de l'Ouest, il faut investir dans des infrastructures, ce qui réclame de la visibilité, sachant que la demande de gaz est en déclin – elle devrait être en 2030 au niveau de 2010. S'il faut réussir la transition énergétique, il convient aussi de prendre en compte une phase d'adaptation.
L'agence européenne du gaz va à l'encontre de ce que l'on a construit jusqu'à présent – à savoir ce marché intérieur libéralisé – et d'une logique industrielle. Mais ce projet est intéressant en cas de crise, en misant davantage sur la solidarité grâce à des achats groupés de gaz permettant de répondre à des problèmes de sécurité d'approvisionnement.
S'agissant de la compétitivité, je rappelle qu'il y a plusieurs types de transition énergétique, certains accordant davantage la priorité à la sécurité d'approvisionnement, comme en Europe de l'Est, d'autres, comme aux États-Unis, étant davantage fondés sur des critères économiques. Il faut donc favoriser le développement d'une industrie compétitive sans prévoir trop de régulation sur les prix.
Enfin, je suis d'accord avec ce qu'a dit Mme Houtman sur la diversité des politiques nationales. L'union de l'énergie ne remet pas en cause les traités et nous pourrions mieux coordonner nos programmes de transition énergétique.