Intervention de Patrice Carvalho

Réunion du 15 avril 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho, groupe GDR :

Monsieur le président de PSA, les pics de pollution que nous avons connus dans nos grandes agglomérations et les difficultés que nous rencontrons pour y faire face placent au coeur du débat le poids du trafic dans la dégradation de notre environnement. Soit dit en passant, on parle toujours des automobiles, mais jamais des avions qui sont aussi de grands pollueurs…

Tout ce qui peut limiter le trafic – comme le covoiturage, par exemple – est évidemment à encourager. Il n'en reste pas moins que, pour nos concitoyens, la voiture est considérée comme un vecteur de liberté individuelle. Si, en milieu urbain, les transports publics permettent des déplacements aisés et peu coûteux, en zone périurbaine et rurale, l'automobile est indispensable. En outre, l'éloignement entre le domicile et le lieu de travail devenant de plus en plus important, certaines familles n'ont d'autre choix que d'avoir plusieurs véhicules. La question n'est donc pas tant de savoir comment nous allons limiter les déplacements en voiture de nos concitoyens, que de les doter de véhicules propres. J'aurais donc, monsieur le président, deux séries de questions à vous poser.

La première concerne l'état de la recherche menée chez PSA sur les véhicules utilisant de nouvelles ressources énergétiques non polluantes. Je pense bien sûr à la voiture électrique. Mais jusqu'à présent, sa faible autonomie en limite le développement. Peut-être pourriez-vous nous parler de la voiture à hydrogène ? En France en tout cas, les constructeurs automobiles ne semblent pas très engagés dans cette technologie.

La seconde concerne le diesel, domaine où PSA a la réputation d'être au point. Je souligne les efforts qui ont été faits dans la dernière période pour améliorer les moteurs diesel. Les automobilistes français ont longtemps été encouragés à se doter de véhicules diesels. Le coût à l'achat était plus élevé mais le carburant moins cher, on en consommait moins et l'espérance de vie des moteurs plus longue. En 2013, les véhicules diesel représentaient 76 % des véhicules, malgré une baisse de six points par rapport à 2012, et le plus bas niveau depuis dix ans.

Aujourd'hui, il est dans l'air du temps de décourager nos concitoyens de se doter de voitures diesel, en alourdissant la fiscalité sur le gazole. Or j'ai le sentiment que nous confondons deux éléments : l'âge et le caractère polluant des véhicules.

Le parc automobile compte des moteurs diesel d'ancienne génération, gros émetteurs de CO2 et de particules. Mais on peut dire la même chose des moteurs Indenor, considérés comme révolutionnaires il y a cinquante ans, et qui étaient très polluants. Ces moteurs, qu'on ne trouve plus aujourd'hui sur le marché, n'avaient rien à voir avec les moteurs diesels qui fonctionnent aujourd'hui.

Pour nous, l'enjeu majeur est de déterminer les mesures que nous devons prendre pour inciter les conducteurs d'anciens véhicules diesel à se doter de véhicules de nouvelle génération. Or ce n'est pas aisé : d'une part, le pouvoir d'achat est en berne ; d'autre part, il faut dix à quinze ans pour que les technologies se diffusent largement dans le parc automobile.

On l'a dit, les moteurs diesel de nouvelle génération n'ont rien à voir avec leurs prédécesseurs. Dès 2000, PSA a mis au point un filtre à particules révolutionnaire qui, à mon avis, peut encore être amélioré par la recherche. De fait, la technologie n'a cessé de progresser, au point que les moteurs diesel d'aujourd'hui ne sont pas plus polluants que les moteurs à essence. Ils le seraient même moins, si je me réfère à votre propos introductif.

En France, s'attaquer au diesel en France revient à « se tirer une balle dans le pied ». Monsieur le président, pourriez-vous nous dire si des marges d'amélioration existent et si, par voie de conséquence, le diesel constitue un atout pour la transition énergétique ?

J'ajoute que je souscris complètement à votre idée de créer une commission composée de scientifiques indépendants, qui ferait une véritable analyse comparative du diesel et des autres sources d'énergie.

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