Je salue un rapport lucide dont les maitres-mots sont le pari sur l'intelligence et le respect. Il s'inscrit dans la continuité des débats que nous avons eus dans le cadre de la loi sur le développement et la solidarité internationale, notamment sur les priorités et sur l'équilibre à trouver entre le bilatéral et le multilatéral. L'action multilatérale donne souvent le sentiment que tout est fondu. Mais, lorsque de vrais enjeux arrivent, notamment sécuritaires, il devient difficile de susciter une dynamique multilatérale et la France se retrouve souvent seule, ce que le rapport montre bien. Sur la question de la « militarisation » jugée excessive de notre politique africaine, le rapport est juste mais il est aussi très sévère : la France ne souhaite pas cette militarisation mais la subit.
Je suis également d'accord avec l'insistance sur l'importance de l'État de droit, qui doit être conciliée avec le respect de nos partenaires. En effet, il ne suffit pas de poser les standards pour que les problèmes soient résolus. Il faut savoir agir dans le partenariat en respectant nos interlocuteurs. L'échec des accords de partenariat économique de l'Union européenne avec l'Afrique ou de démarches comme celle de l'OMC est lié à une prise en compte insuffisante des partenaires.
Comme les rapporteurs, je pense aussi qu'il faut parier sur l'intelligence, donc donner la priorité à la santé et à l'éducation. La lutte contre de nombreux fléaux passe par là. S'agissant toutefois des perspectives de la francophonie, il faut éviter une vision trop mécanique : la progression démographique des pays africains n'entraînera une progression égale du nombre de francophones que s'il y a un sérieux effort sur l'éducation. Pour conclure sur cet aspect, je crois que le développement nécessite surtout de la coopération mais j'éviterai d'insister sur ce terme qui est aujourd'hui tabou.
Sur le plan sécuritaire, le rapport évoque la « militarisation » de notre action mais le constat est un peu contradictoire. Quelle autre réponse pouvons-nous apporter à certains enjeux du court terme ? Comment pourrions-nous mieux impliquer la communauté internationale ? Celle-ci est très allante sur certains thèmes mais il y a d'autres choses sur lesquelles elle ne veut jamais s'impliquer : comment pourrions-nous concevoir des sortes de « paquets » avec lesquels nous aurions une implication internationale même sur les problématiques difficiles ?