Cinquante-cinq ans après les indépendances, le bilan est accablant. C'est paradoxal, car longtemps nous avons dit que, si l'indépendance algérienne avait été ratée, les indépendances africaines avaient été plutôt réussies. Nous avons effectivement eu après ces indépendances un certain nombre de leaders africains qui avaient du charisme et avec lesquels nous avons maintenu de bonnes relations. Mais tout cela s'est dégradé avec leurs successeurs. Aujourd'hui, nous devons bien constater que les autres pays africains – ceux qui ne sont pas restés sous le parapluie de la France – connaissent généralement une évolution plus favorable. Il faudrait aujourd'hui parler « des » Afriques : l'Afrique anglophone, l'Afrique lusophone, etc. : c'est là qu'est le développement et non en Afrique francophone. Pire, quand certains pays de l'Afrique francophone connaissent une certaine croissance économique, malheureusement cela ne sert généralement à rien pour le véritable développement, par exemple l'éducation.
La recommandation de « démilitariser » notre action en Afrique me paraît être un voeu pieu, tant que nous aurons dans les pays africains ce type de système. Prenons l'exemple du Nigéria : si ce pays était francophone, il est évident que l'armée française y serait intervenue. Bref, cette recommandation ne me paraît pas réaliste.