Ce rapport a le mérite d'être franc et de créer un débat entre nous. Je pense qu'aujourd'hui, nous devons dire clairement ce que nous pensons et utiliser les marges de manoeuvre qui sont propres à la diplomatie parlementaire : nous ne sommes pas le ministère des affaires étrangères. Parler clairement constituerait un soutien appréciable pour tous ceux qui se battent pour la démocratie en Afrique. Ce serait également important pour nos concitoyens. Nous ne devons pas nous étonner que les moyens pour l'aide au développement se réduisent quand les Français considèrent de plus en plus que cette aide n'est pas utile. Un rapport anguleux qui aurait un impact médiatique serait utile.
Faut-il pour notre politique de développement un ministère de plein exercice ? Je n'ai pas sur ce point l'expérience de tous nos collègues, mais je constate que, dans les débats interministériels, l'Afrique est toujours en queue des priorités. Par ailleurs, nos diplomates sont souvent conformistes : par exemple, ce n'est pas eux que je vois prendre l'initiative de dire qu'on pourrait redéployer certains des fonds que nous consacrons à la lutte contre le sida. Enfin, quand je pense à nos perpétuels échanges avec l'AFD, il serait peut-être bon d'avoir un pilotage fort par une autorité politique sur les différentes agences de ce type.
Sur la question de la « démilitarisation » de notre action, je suis partagé : devons-nous laisser arriver n'importe quoi en Afrique ? Le pendant de cette proposition, c'est la nécessité d'aider l'Afrique à se prendre en charge. Sur ce point, je m'interroge sur notre capacité à aider les pays africains à construire leurs armées. Laissons-nous assez de place aux Africains dans nos écoles militaires ? Je suis allé au Congo avec Philippe Baumel et on nous a demandé si on pouvait faire passer de un à deux le nombre d'officiers de ce pays qui pouvaient être accueillis à l'École de guerre : cela n'a pas été possible ! Cette question est-elle discutée dans le rapport ?