Intervention de Philippe Baumel

Réunion du 15 avril 2015 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Baumel, rapporteur :

Je veux préciser d'abord qu'à aucun moment dans le rapport nous ne condamnons les interventions militaires françaises récentes. Mais on ne peut pas se satisfaire de ces réactions d'urgence. Il faut savoir que les forces françaises sont parfois perçues comme des forces d'occupation, quand on s'imaginerait qu'elles apparaissent comme des forces de libération. Il faut faire attention à ce que l'image de l'ancienne puissance coloniale ne soit pas à nouveau instrumentalisée négativement, surtout quand les effets de l'aide au développement sont faibles. La France ne doit pas être perçue uniquement comme une force d'intervention.

Notre mission n'avait pas pour objet de dresser la comparaison avec les pays anglophones. Il y a de grandes différences de peuplement et de logique économique et il faut donc relativiser la comparaison.

La question du Franc CFA est importante. Il est le fruit de l'indépendance des Etats. Il faut être nuancé car il a aussi servi de filet face à des crises. La Cote d'Ivoire n'aurait pas pu repartir aussi vite en l'absence de cette monnaie commune, car elle aurait dû faire face à une dévaluation et de l'inflation. C'est donc un outil qu'il faut savoir préserver, tout en élargissant peut-être sa gouvernance pour qu'elle soit davantage partagée.

André Schneider a critiqué notre analyse de la situation du Cameroun, qui est une situation particulière, mais je ne crois pas que nous ayons rien dit d'inaudible ou d'inacceptable sur ce pays.

Concernant les questions institutionnelles, je souscris à l'image utilisée par Jean-Claude Guibal. Il y a eu des avancées, avec la mise sur pied de parlements, parfois d'un bicaméralisme, mais cela a peu changé la réalité des pays. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain et que la démocratie n'est pas adaptée à ces pays. Mais il faut comprendre pourquoi les populations ne considèrent pas les institutions et les élus comme leurs vrais représentants, mais comme des descendants d'une caste ou parfois d'une famille.

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