La situation européenne est si mauvaise qu'il ne faut interdire aucun débat ! Celui que vous proposez, portant sur la mutualisation de la dette, apparaît pleinement honorable et a tout droit d'être mené, sans jugement de valeur ou d'orthodoxie a priori. Contrairement aux promesses d'il y a trois ans, la France n'arrive plus à être moteur de proposition sur la scène européenne ; nous avons perdu notre socle de crédibilité, et pour que la France arrive à retrouver un rôle moteur, il nous faut d'abord le reconstruire.
Le débat sur la dette souveraine des États de la zone euro, déjà ancien, renvoie à une question majeure en matière de solidarité européenne : comment éviter que les États non vertueux trouvent dans la mutualisation de la dette une soupape au détriment de leurs homologues vertueux ? Au-delà du regard que l'on peut porter sur les différentes propositions du texte, il y manque un point important : la question des European bonds. La scène européenne étant marquée par le sous-investissement, cet instrument – qui ferait porter l'endettement par l'Europe – permettrait de financer des projets d'infrastructures tels que le Lyon-Turin, les grandes liaisons ferroviaires en direction de l'Espagne ou encore les infrastructures numériques. Je regrette qu'on en reste à une approche de dette nationale et à une réflexion européenne sur la question, alors que le dossier des European bonds, qui peut permettre d'avancer, est freiné. Il est dommage que la proposition de résolution n'aborde pas ce sujet.