Je voudrais moi aussi remercier Nicolas Sansu, dont le texte nous offre l'occasion d'engager ce débat politique fondamental pour notre pays et notre continent. Sans partager tous les termes de la proposition de résolution, j'estime qu'elle pose des questions fondamentales : pourquoi ce continent aussi riche – le plus grand PIB agrégé du monde – s'avère-t-il incapable d'atteindre les taux de croissance nécessaires pour réduire la dette publique ? Pourquoi voit-il les écarts de richesse se creuser de façon substantielle et les peuples se détourner de plus en plus de l'idée européenne ? Devant la progression de l'extrême droite dans les pays de l'Union, l'européen convaincu que je suis s'interroge sur le décalage entre la doxa des politiques pratiquées par l'UE et le ressenti des peuples. L'histoire tragique de notre continent montre que cette situation représente un véritable danger. Nous devons mener en permanence ce débat, car nous portons une lourde responsabilité pour les années à venir.
Avant d'être une question économique, la dette constitue d'abord un enjeu politique, et c'est ainsi qu'il convient de l'aborder. Dans le passé, nous avons déjà été confrontés au problème de dettes publiques importantes. Dans un récent article paru dans Libération, M. Thomas Piketty montre ainsi que lorsque l'Allemagne a connu, après la Seconde Guerre mondiale, un taux d'endettement de 200 % – résultat de la dette de Weimar et des prêts consentis par les vainqueurs de 1945 –, la réaction de ses collègues européens et de son protecteur américain n'a pas été de lui faire la morale, comme on l'a fait aux Grecs, ni de mettre le peuple allemand à genoux en exigeant qu'il rembourse ses dettes.