Je n'ai pas encore de feuille de route pour les années qui viennent en ce qui concerne l'évaluation du plan ! En revanche, j'en ai une bien fournie pour ce qui est du service civique.
Vous avez abordé, monsieur Sirugue, un sujet très important. On a cherché à répondre à cette situation notamment en fixant à vingt-quatre heures la durée hebdomadaire minimale du travail à temps partiel. Cette disposition a été très critiquée après la conclusion de l'accord national interprofessionnel qui la contenait, y compris par un certain nombre de signataires. La préoccupation des organisations syndicales était que l'on ne puisse pas descendre au-dessous d'un certain niveau d'emploi. Cependant, j'observe que de nombreuses branches signent des accords dérogatoires, en particulier dans les secteurs que vous avez cités. C'est une difficulté. Notre système économique a certes besoin de variables d'ajustement, mais pas nécessairement de celle-là.
D'une manière générale, selon moi, on ne peut plus lutter contre la pauvreté uniquement par des mesures monétaires. Celles-ci sont utiles, mais il faut aller au-delà, en proposant des services et une aide aux personnes pour sortir de la pauvreté. S'agissant des familles monoparentales, il s'agit de faciliter l'accès à la qualification et à l'emploi. Ce type de mesures est non seulement plus efficace dans la durée, mais aussi mieux accepté socialement. À cet égard, il faut être conscient qu'une partie de plus en plus importante de la population est en train de prendre ses distances avec les politiques de solidarité. Selon une enquête annuelle réalisée depuis trente-cinq ans par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC), que nous avons citée dans notre rapport, le taux d'acceptabilité de notre système social n'a jamais été aussi bas en France. La pression de l'opinion devient d'ailleurs inquiétante en la matière.
Votre remarque sur le calcul des pensions est juste, monsieur Sirugue. D'autre part, si la pauvreté baisse actuellement chez les personnes âgées, elle augmentera à nouveau dans une quinzaine d'années, compte tenu du nombre de personnes qui touchent le RSA socle et ne sont pas en situation de cotiser. Notre système social a très bien fonctionné pendant plusieurs années, notamment du fait de l'accès des femmes à l'emploi. Mais cette tendance favorable est en train de s'inverser en raison du chômage de longue durée et de la pauvreté. À l'âge de la retraite, les personnes qui sont dans ces situations seront les premières touchées.