Intervention de général Denis Mercier

Réunion du 15 avril 2015 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'air :

Monsieur Fromion, dès lors que nous dépassons les objectifs fixés dans nos contrats opérationnels, on pourrait estimer en effet que nous sommes en train de « manger notre capital ». Cependant, une fois ce constat établi, toute la question est de réfléchir à notre organisation, puis de prendre des mesures, financières pour certaines, qui visent justement à diminuer considérablement ce risque.

S'agissant de l'organisation, lorsque nous étions plus riches, nous avions tendance à travailler « en tuyaux d'orgues », Aujourd'hui, certaines unités sont encore en suractivité, alors que d'autres ne le sont pas. Il faut tout faire pour mieux répartir l'activité opérationnelle sur la totalité des unités de l'armée de l'air. Nous sommes en train de le faire : tel est l'objet de notre plan stratégique. Parfois, cela m'amène à encourager mon personnel à penser différemment, mais les aviateurs finissent par s'y retrouver.

De mon point de vue, le risque principal concerne nos jeunes, surtout ceux qui volent sur les flottes les plus anciennes, dont la rénovation est indispensable. Vous vous souvenez sans doute de mon leitmotiv en 2014 : « MRTT, activité ». Il faut remonter l'activité pour permettre à nos jeunes de voler. Et nous avons besoin des MRTT pour remplacer les tankers actuels. En ce qui concerne le transport tactique, les A400M arrivent, mais pas au rythme que nous souhaiterions.

Sur ces questions, la LPM nous aide. Notre engagement ne peut pas être supérieur à ce qui est prévu dans les contrats opérationnels sans que cela nous pose des défis, et nous devrons donc faire des efforts. Cependant, si l'on continue la modernisation telle qu'elle est prévue dans la LPM, avec les quelques ajustements que nous avons proposés pour son actualisation, lesquels sont actuellement en discussion, nous saurons faire face à la situation.

En définitive, c'est une bonne nouvelle : cela signifie que nous avions fait des prévisions correctes dans le cadre de la LPM. L'enjeu est désormais de maintenir la LPM et de respecter son calendrier, car tout décalage entamera directement le potentiel que vous avez évoqué. Aujourd'hui, les feux ne sont pas au rouge, mais cela demeure un point de vigilance. Compte tenu de notre suractivité, nécessitée par les réalités de l'environnement stratégique, nous ne disposons plus d'aucune marge.

Je vous remercie, messieurs, d'avoir reconnu le rôle positif joué par l'armée de l'air dans la vente des Rafale. Au-delà de nos succès opérationnels, nous menons de très nombreuses actions pour valoriser notre matériel. Il y a quelques mois, je me suis rendu en Inde et j'ai fait voler mon homologue indien sur Rafale. Nous avons aussi organisé des exercices conjoints avec l'armée indienne. Nous avons de bonnes relations avec un certain nombre de pays, notamment avec l'Égypte. J'ai participé récemment à plusieurs salons, et il n'est pas exclu que d'autres États commandent prochainement des Rafale. Nous faisons donc des efforts importants en la matière. C'est nécessaire, dans l'intérêt de la France et de son industrie.

S'agissant de l'impact de ces contrats, nous devrons tous faire des efforts. Ainsi que je l'ai rappelé, la LPM était construite sur cette hypothèse. Néanmoins, nous pouvons améliorer notre action en matière de soutien aux exportations : il faut que nous formions une véritable « équipe France ». Actuellement, c'est essentiellement la direction du développement international de la DGA qui est impliquée dans les démarches de prospection, aux côtés de l'industriel. Si, dès la réalité d'un prospect affirmée, nous travaillons ensemble dès le début, nous pourrons mieux nous adapter, identifier les efforts possibles et déterminer ce qu'il faut faire, le cas échéant, pour que les avions prélevés nous soient restitués. Un tel travail en commun donnerait aussi plus de visibilité aux clients à l'export.

L'important, c'est qu'il nous soit livré autant d'avions de chasse que prévu par la LPM. Nous avons accepté un décalage des livraisons, que nous serons capables de gérer. Encore une fois, il est nécessaire que la LPM soit respectée. À défaut, cela créerait des problèmes, compte tenu de notre suractivité. Nous continuerons bien évidemment à faire des efforts, mais dans cette limite : le respect de la LPM.

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