Intervention de général Denis Mercier

Réunion du 15 avril 2015 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'air :

Monsieur Marty, l'objectif est justement d'éviter que la formation soit à deux niveaux. Sur les flottes anciennes, nous ne parvenons pas à générer suffisamment d'heures de vol. Nous les utilisons pratiquement toutes en opérations. Or nous faisons beaucoup moins fréquemment appel aux jeunes équipages en opérations. Nous avons trouvé quelques solutions palliatives pour les entraîner, mais nous ne pourrons pas les appliquer dans la durée. Cela milite pour l'arrivée de l'A400M et du MRTT, qui remplaceront ces flottes anciennes.

Pour ce qui est de la flotte de chasse, la situation est un peu différente : le niveau d'activité est correct, et nous parvenons à former des jeunes pilotes. De plus, la mise en place du projet « Cognac 2016 » nous aidera, en allégeant certaines charges. Nous avons néanmoins une préoccupation : en opérations, les équipages volent beaucoup, mais ils ne couvrent pas tout le spectre des entraînements. En effet, les missions qu'ils accomplissent sont toutes de même nature : bombardement de cibles prédéterminées – air interdiction – ou appui aux forces terrestres. Dès lors, les équipages sont un peu sous-entraînés pour d'autres missions, telles que l'entrée en premier ou le combat aérien. C'est, somme toute, normal pour une armée de l'air très engagée ; à nous de savoir nous adapter. Nous sommes en train de réorienter notre entraînement en France, afin de ne pas perdre ces savoir-faire. Mais la meilleure adaptation, c'est de générer des heures de vol, notamment pour que les jeunes équipages puissent s'entraîner. C'est pourquoi la remontée de l'activité demeure ma priorité.

Nous ne faisons pas partie de la coalition qui intervient au Yémen. Le Yémen est un foyer de terrorisme. Il faut bien que quelqu'un traite le problème. Ce sont des pays du Golfe qui s'en chargent, organisés en une large coalition autour de l'Arabie Saoudite.

Monsieur Boisserie, l'activité de la flotte de chasse en OPEX devrait passer de 6 500 heures de vol en 2014 à 12 000 en 2015, car nous intervenons désormais sur un deuxième théâtre, l'Irak. Nous pouvons faire face à cette situation, à condition de générer de l'activité. Nous avons demandé que notre suractivité de 4 000 heures soit compensée financièrement par le décret d'avance relatif aux OPEX, afin que nos jeunes équipages puissent continuer à s'entraîner. Cette compensation est nécessaire. Si nous ne l'obtenons pas, nous entamerons notre potentiel.

Notre participation aux OPEX n'est pas une mauvaise chose. Elle montre que nous ne nous sommes pas trop trompés dans la définition des contrats opérationnels, si ce n'est peut-être sur un point : la déflation est sans doute allée un peu trop loin, le format de l'aviation de combat ayant été réduit de moitié en deux LPM. En tout cas, il ne faut pas aller au-delà.

La question que vous posez sur la surveillance médicale est tout à fait pertinente. Nous avons pris ce problème à bras-le-corps depuis longtemps. Nous assurons un suivi médical permanent non seulement de nos équipages, mais aussi des soldats qui sont les plus engagés dans les opérations, notamment les opérations spéciales. En outre, l'armée de l'air a mis en place une organisation spécifique qui s'ajoute au commandement et aux autres structures. Il s'agit d'une unité de spécialistes, psychiatres et psychologues, basée à l'hôpital de Percy, que j'envoie à discrétion partout où je pense qu'elle peut être utile. Les autres armées y recourent aussi. Cette unité fait un travail remarquable. Elle sait donner l'alerte lorsque c'est nécessaire, ainsi qu'elle l'a fait récemment. Elle est aujourd'hui bien perçue par l'ensemble de l'armée de l'air. Après l'accident à Albacete, des militaires ont eux-mêmes demandé une aide. J'ai alors détaché trois psychologues de cette unité, qui sont allés rencontrer les personnes concernées et continuent à les suivre. Cela leur a fait beaucoup de bien.

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