Intervention de général Denis Mercier

Réunion du 15 avril 2015 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'air :

Monsieur Lamour, les contrats passés avec l'Égypte et l'Inde auront en effet un impact, que l'escadron de transformation Rafale devra absorber. Cependant, la bonne disponibilité actuelle des Rafale nous permettra de le minimiser, tant pour les mécaniciens que pour les pilotes. Si celle disponibilité était mauvaise comme c'était le cas il y a quelques années, nous rencontrerions de graves problèmes. Ainsi que je l'ai indiqué, la situation favorable que nous connaissons aujourd'hui résulte d'une réorganisation : avec le concours de l'industriel et de la SIMMAD, nous avons augmenté considérablement la disponibilité des Rafale tout en faisait baisser les coûts. Nous avons mis en place des plateaux techniques efficaces et amélioré la gestion des flux logistiques grâce à des guichets industriels. Ce travail nous a pris un an et demi, mais a porté ses fruits.

Pour minimiser l'impact, nous sommes en train d'accélérer la formation des jeunes pilotes. En outre, je l'ai dit, nous avons pris des mesures palliatives : nous allons maintenir des Mirage 2000C un plus longtemps que prévu. Les chefs et sous-chefs de patrouille formés sur ces avions n'auront besoin que de quelques mois pour « basculer » sur les Rafale. La prolongation des Mirage 2000C coûtera quelques millions d'euros, mais elle en vaut la peine : elle nous permet de nous y retrouver en même temps qu'elle participe du soutien aux exportations.

Les premiers aviateurs égyptiens que nous formons suivent actuellement des cours théoriques à Mont-de-Marsan. Les questions qu'ils posent et les résultats qu'ils ont obtenus aux premiers tests sont très encourageants. Nous allons pouvoir les former assez rapidement. Ensuite, ils seront accompagnés par deux pilotes et quelques mécaniciens que nous enverrons en Égypte dans le cadre de la coopération.

J'ai une autre préoccupation : éviter la fuite de notre personnel et de son expertise. Les pays auxquels nous vendons nos équipements souhaiteront sans doute embaucher des professionnels compétents en leur proposant des contrats attractifs. J'ai demandé aux sociétés françaises, notamment à Dassault et à Défense Conseil International (DCI), de n'accepter aucune candidature de militaire de l'armée de l'air sans passer par notre direction des ressources humaines (DRH). D'autre part, j'ai invité mes aviateurs à s'adresser aux aussi à la DRH au cas où ils seraient tentés par un contrat de ce type, en leur précisant qu'ils ne seraient pas recrutés s'ils accomplissaient seuls les démarches. Dans certaines spécialités, nous régulerons les départs, notamment si nous avons beaucoup investi dans la formation des intéressés. Dans d'autres cas, nous pourrons faire un effort ou donner une visibilité. Je veux réguler le flux autant que possible.

J'en viens aux sociétés de projet. Quelles que soient les dispositions adoptées, il est crucial que les engagements pris dans le cadre de la LPM soient respectés, à plus forte raison aujourd'hui du fait de notre engagement opérationnel et des mesures accompagnant les exportations. Si cela doit passer par les sociétés de projet, allons-y ! Néanmoins, nous avons trois lignes rouges : il faut que nous ayons la pleine utilisation des moyens que nous louerons à ces sociétés ; les surcoûts inévitables liés à cette solution ne doivent pas obérer la mise en oeuvre de la LPM ; le MCO ne doit surtout pas être intégré dans les services gérés par ces sociétés. Si tel était le cas, nous serions dépendants d'une entité extérieure pour notre activité, ce qui ne serait pas acceptable pour nos forces armées. Si nous avons fait les efforts que je vous ai décrits concernant le MCO des Rafale, c'est précisément pour prendre notre avenir en mains. Pour le reste, je n'ai guère de visibilité sur ce dossier. Je continue à rêver qu'une loi de finances rectificative nous accorde les crédits budgétaires manquants, ce qui serait sans doute plus simple.

Concernant le décalage des livraisons d'équipements, Monsieur Meunier, nous faisons des efforts, car accompagner les exportations fait aussi partie de nos missions. Les Rafale prélevés au profit de l'Égypte devaient nous être livrés en 2015. Ils sont, pour l'essentiel, déjà payés : il ne reste qu'une somme minime à verser au moment de la livraison. Et je ne souhaite surtout aucun remboursement d'aucune sorte sur le budget de la défense !

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