Intervention de Olivier Audibert Troin

Séance en hémicycle du 6 mai 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Budget de la défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Audibert Troin :

Monsieur le Premier ministre, « la France est en guerre », « la France fait face à de lourdes menaces ». Nous avons tous ici partagé vos propos au lendemain des attentats, mais nous n’avions pas attendu le mois de janvier pour donner l’alerte, semaine après semaine, sur des insuffisances budgétaires qui ne permettaient pas à nos armées d’assurer la sécurité des Français dans de bonnes conditions.

Pour la quatrième fois, le Président de la République a dû réaffirmer face à Bercy la sanctuarisation du budget de la défense pour 2015 à 31,4 milliards d’euros. Une rallonge de 3,8 milliards d’euros sur la période 2016-2019 a été décidée. Cependant, comme nous l’avions annoncé ici même au sujet de l’insoutenabilité financière de la loi de programmation militaire en 2013, le compte n’y est pas, monsieur le Premier ministre, et nous vous le disons avec beaucoup de solennité.

Le compte n’y est pas, parce qu’à la fin de l’année 2014, le budget des armées affichait un report de charges de 3 milliards d’euros ; parce que les OPEX budgétées à 450 millions d’euros par an ont un coût réel de l’ordre de 1,2 milliard d’euros ; parce que le surcoût de l’opération Sentinelle, pérennisée, est de l’ordre de 300 millions d’euros par an ; parce que 18 500 postes supplémentaires, nécessaires, pèseront pour 700 millions d’euros par an sur ce budget ; parce que la remise en condition opérationnelle des matériels est très largement sous-évaluée du fait de nos engagements à l’extérieur.

Ni la baisse du coût du pétrole, ni l’inflation quasiment négative, ni même la vente de nos Rafale, que nous saluons, ne nous permettront d’équilibrer le budget de nos armées, même si une partie – 2,5 milliards d’euros – de la rallonge de 3,8 milliards est léguée à ceux qui vous succéderont après 2017.

L’équation budgétaire est difficile, nous en convenons. Mais être en responsabilité, c’est prioriser ses choix. La sécurité des Français, la défense des intérêts stratégiques de notre pays, la lutte contre le terrorisme sont nos priorités. Nous ne doutons pas que vous les partagez. Allez-vous toutefois, monsieur le Premier ministre, donner les moyens nécessaires à nos armées ?

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