Intervention de Arnaud Richard

Séance en hémicycle du 7 mai 2015 à 9h30
Dette souveraine des États de la zone euro — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Richard :

Je voulais vous l’entendre dire, cher collègue.

Ce traité a mis en place des règles contraignantes afin que les États membres redressent leurs finances publiques, notamment en réduisant le poids de leur dette et leur déficit. Il était nécessaire de renforcer la coordination européenne et de revenir à une politique de sérieux budgétaire qui avait, à tort, été mise à mal pendant les décennies précédant la crise. En France, par exemple, aucun gouvernement, monsieur le secrétaire d’État, n’a fait voter un budget à l’équilibre depuis 1980 !

Nous devions donc tirer des leçons de ces crises et mettre en oeuvre des dispositions afin que les erreurs passées ne se reproduisent pas. Cependant, aucune réforme ne doit être menée à l’aveugle, dans le seul but de respecter les objectifs fixés dans les traités.

Cinq ans après la mise en place des premiers plans d’aide, il est donc légitime de s’interroger sur les conséquences des réformes drastiques imposées aux États en difficulté. La Grèce, en particulier, a connu des suppressions massives de postes dans la fonction publique, une privatisation des entreprises et des infrastructures publiques, une hausse brutale de la fiscalité et une baisse de 22 % du salaire minimum en 2012.

Les conséquences de ces politiques se sont révélées dramatiques, socialement et politiquement. Le taux de chômage a explosé, jusqu’à 40 % chez les jeunes, les dépenses de protection sociale, notamment de santé, ont souffert de coupes budgétaires massives, le taux de pauvreté a augmenté de manière très importante, tout comme le risque d’exclusion sociale chez les enfants. Des maladies disparues depuis des décennies ont fait leur retour, sans parler du taux de suicide ni des évolutions concernant le VIH.

L’Espagne a connu une situation similaire. Un jeune de moins de vingt-cinq ans sur deux n’y a pas d’emploi et la hausse de la TVA, combinée à la réduction des indemnités de chômage, a asphyxié la population.

Les marches et grèves générales se sont multipliées dans ces pays, et l’exaspération des citoyens s’est manifestée dans les urnes, conduisant à la montée des extrêmes.

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