Intervention de Jacques Myard

Séance en hémicycle du 7 mai 2015 à 9h30
Dette souveraine des États de la zone euro — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

C’est à vous que je le dis car vous représentez le Gouvernement. Assumez-le ! On ne peut pas faire vivre au sein d’une même union monétaire des marchands de canons et des marchands d’olives ! On ne peut pas faire vivre la France et l’Allemagne avec une même monnaie ! On a dit tout à l’heure que l’Allemagne avait une balance commerciale excédentaire. Comme la Chine, en effet, elle a une monnaie inadaptée, qui a été sous-évaluée pendant des années par rapport à sa force économique : c’est ainsi qu’elle a gagné des parts de marché pendant que nous en perdions.

Aujourd’hui, lorsqu’on fustige la dette souveraine, on confond en réalité les conséquences avec les causes. La cause de la dette, c’est la perte de compétitivité de nos économies, étranglées par la multitude des fautes internes et externes que nous avons commises. Je l’ai dit pendant une vingtaine d’années à mon cher ami Jean-Claude Trichet, avec lequel j’ai travaillé : la monnaie unique est parfaite pour un monde parfait qui n’existe pas. Telle est la réalité.

L’orateur du groupe écologiste qui m’a précédé a dit qu’il fallait viser à une mutualisation. La belle affaire ! Il est vrai qu’une monnaie unique partagée par des économies divergentes aboutit, qu’on le veuille ou non, à ce qu’on appelle une union de transferts. Le professeur Stiglitz, prix Nobel d’économie, nous a encore rappelé il y a quelques semaines lors d’un déjeuner à l’hôtel de Lassay que, sans modification structurelle, la zone euro mourrait. D’ailleurs, celle-ci est morte ab initio, il y a longtemps que je le dis !

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