Intervention de Jacques Myard

Séance en hémicycle du 7 mai 2015 à 9h30
Dette souveraine des États de la zone euro — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Je le dis comme je le pense, chère Marie-Christine Dalloz, et vous serez amenée à en faire le constat aussi, pour les raisons que je vais vous expliquer. S’agissant de l’union de transferts, les Allemands ont fait leurs comptes. Pour maintenir à flot les économies de certains États, il faut en permanence leur fournir des crédits pour vivre. C’est ce qu’a fait Paris pour la Lozère ou la Creuse, par exemple, dans une logique de solidarité nationale. Mais cette solidarité n’existe pas au niveau européen. Il faut regarder la réalité en face et cesser de croire aux mythes et aux utopies de l’époque !

Les Allemands ont fait leurs comptes et se sont aperçus qu’il leur faudrait transférer entre 8 % et 10 % de leur PIB chaque année. C’est ce qu’ils ont fait pour la RDA et cela leur a coûté 4 points de PIB chaque année pendant plus de vingt-cinq ans. Ils ne sont pas prêts à le faire de nouveau, sans compter que cela ne résoudrait d’ailleurs pas à terme le problème de compétitivité de la Grèce, du Portugal ou de l’Espagne. Je vous rappelle d’ailleurs que l’Espagne était en surplus budgétaire avant la crise ! Le problème ne tient donc pas aux conséquences de la perte de compétitivité. C’est au contraire la perte de compétitivité elle-même qui est la cause des malheurs.

La BCE a décidé de lancer, bien tardivement il est vrai, un programme d’assouplissement quantitatif, comme l’a fait la Réserve fédérale américaine ou la Banque d’Angleterre. Mais les opérations d’achat sur le marché secondaire, qu’elle réalise d’ailleurs depuis 2010 mais désormais avec beaucoup plus de moyens, n’ont pas d’effet sur les prêts des banques au secteur économique car l’économie, c’est l’investissement, et nos entreprises n’investissent pas.

Voilà longtemps que je dis qu’il aurait mieux valu consentir des avances directes aux États pour que ceux-ci investissent dans de grands projets. Dieu sait s’il existe des domaines dans lesquels investir dans ce pays, tant en matière de transports, qu’en matière de satellites ou encore de recherche ! Or, l’opposition dogmatique de l’Allemagne empêche une telle politique.

En réalité, les États sont soumis à des purges : le Grec et l’Italien, par exemple, sont sommés de se serrer la ceinture. C’est un non-sens économique absolu, dont même le FMI – c’est dire ! – a dénoncé le caractère excessif, mais on continue dans cette voie.

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