Intervention de Valérie-Laure Benabou

Réunion du 15 avril 2015 à 18h00
Commission de réflexion sur le droit et les libertés à l’âge du numérique

Valérie-Laure Benabou :

La formulation assez vague du paragraphe 18 de l'avis m'a également fait tiquer. Je vois là aussi un risque manifeste de basculement vers une censure privée, et le retour de la « pêche au chalut ». Quelle est votre cible précise ? Visez-vous les moteurs de recherche, comme le laisse entendre la référence au « caractère ubiquitaire » des contenus dont la Cour européenne de justice a fait état dans l'arrêt Costeja ? Au paragraphe 15, relatif au toilettage de la loi de juillet 1881, vous recommandez de donner au juge « le pouvoir d'ordonner la suspension du fonctionnement d'un site » en cas de provocation à la haine raciale, et « d'ordonner l'arrêt d'un service de communication en ligne » pour toutes les infractions relatives aux abus de la liberté d'expression. N'est-ce pas un peu trop large ? Pour vous, un service de communication en ligne est-il autre chose qu'un site ? Pourrait-on en venir à faire fermer Facebook ? Je m'interroge enfin sur le paragraphe 35 de l'avis, aux termes duquel « l'intervention du juge doit nécessairement être subsidiaire, sa saisine devant avoir lieu après que l'éditeur ou l'hébergeur a été mis en demeure par l'autorité administrative indépendante (AAI) de retirer ou de republier le contenu litigieux » ; le juge ne serait donc saisi que sur action de cette Autorité.

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