Intervention de Bertrand Pancher

Réunion du 6 mai 2015 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Mon père, qui a maintenant quatre-vingt-trois ans, était agriculteur – et apiculteur depuis l'âge de vingt ans. J'ai constaté avec lui la corrélation très nette, depuis une trentaine d'années, entre l'épandage d'insecticides et la disparition des abeilles dans ses ruchers – et tous les apiculteurs de mon département, la Meuse, ont constaté la même chose. Certes, une simple corrélation ne suffit pas à établir une relation de cause à effet, mais le phénomène est troublant.

Lors de chacun de mes voyages à l'étranger, je rapporte du miel acheté à des producteurs locaux, et j'en profite pour discuter apiculture avec eux. Ils me disent tous que là où il n'y a pas de pollution, il n'y a pas de mortalité des abeilles. Ainsi, je me rends chaque année en Tunisie – où la production de miel est limitée en raison de la sécheresse – pour y rencontrer un ami qui pose des ruches sur l'ensemble du territoire : selon lui, aucune mortalité des abeilles n'est à déplorer dans ce pays. Toutes les études corroborent mon constat, ce qui fait que je n'ai, à titre personnel, aucun doute sur l'existence d'une vraie relation de cause à effet entre certains insecticides, notamment les néonicotinoïdes, et la disparition des abeilles.

J'aimerais vous poser plusieurs questions, et tout d'abord savoir si certaines catégories de néonicotinoïdes sont plus dangereuses que d'autres – ce qui pourrait expliquer que l'Union européenne ait interdit, en 2013, quatre des neuf sortes de néonicotinoïdes.

Je vous remercie de nous avoir éclairés au sujet des maladies en nous précisant que les pesticides rendaient les abeilles plus fragiles à certains autres risques.

Il existe en France plusieurs organismes d'expertise disposant de peu de moyens et rendant des expertises souvent contestées. Quel jugement portez-vous sur l'EFSA et ses protocoles d'évaluation, et que proposez-vous pour améliorer les choses ?

Par ailleurs, si les agriculteurs affirment épandre de moins en moins de pesticides, on entend dire également que les produits utilisés sont de plus en plus concentrés. Que pouvez-vous nous dire sur ce point ?

Enfin, je remercie M. Limouzin d'avoir eu le courage de venir exposer le point de vue du monde agricole, qui n'est pas majoritaire autour de cette table. Si, au plan national, la profession agricole reconnaît qu'il existe un problème dont il faut parler, au sein des assemblées générales, les apiculteurs se font plutôt malmener. Pour ma part, je m'entends très bien avec les représentants agricoles, mais je regrette que, sur le plan local, tout le monde s'emploie à jeter de l'huile sur le feu. Or, si nous voulons avancer, nous devons réussir à établir un vrai dialogue à l'échelon local, afin que des solutions puissent être trouvées et acceptées par chacun.

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