Telle est la posture de la FNSEA. Nous défendons la continuité de la recherche, non pour aller toujours plus loin en matière de rendements, mais pour que les agriculteurs puissent produire en quantité et en qualité et répondre aux enjeux de la biodiversité. Nous sommes d'ailleurs, vous le savez, totalement impliqués dans la discussion qui a lieu actuellement au Parlement sur la biodiversité.
La production de semences en France ne cesse de régresser depuis vingt ans parce que nous ne disposons pas des protections nécessaires pour produire ces plantes, et c'est dramatique. Pourquoi cela est-il autorisé ailleurs ?
Monsieur Gérard Bapt, on peut regretter que des produits phytosanitaires interdits en France soient importés, mais je vous renvoie à des décisions européennes. Actuellement, chaque État membre peut prendre la décision de retirer un produit du marché. Ce qui est incohérent, c'est qu'un pays européen retire un produit du marché alors qu'il reste autorisé dans un autre. La FNSEA attend que l'EFSA prenne des décisions et nous en prendrons acte à condition que ces décisions soient appliquées dans tous les pays européens. Si un produit est interdit en Allemagne par exemple, il doit l'être partout.
Nous sommes favorables à un suivi très précis, dans chaque région, de la mortalité des abeilles, permettant de savoir si elle est liée aux pratiques culturales, aux ressources mellifères. Je ne veux pas tomber dans un débat qui opposerait les pratiques des uns et des autres : si j'ai cité le varroa, c'est parce que c'est une réalité. Je dis seulement que de la même manière qu'il y a, dans le monde animal ruminant ou ailleurs, des situations de vigilance sanitaire, il doit y en avoir aussi dans le secteur du végétal. Il est impératif de savoir s'il faut établir un parallèle avec des systèmes de traitement, des systèmes de culture. M. Frank Aletru a indiqué qu'en Poitou-Charentes et dans les Pays de la Loire le choix a été fait d'augmenter la ressource mellifère. L'enjeu « verdissement » contenu dans la nouvelle politique agricole commune (PAC) a fait l'objet de contestations quant à la méthodologie, mais sachez que des avancées avaient déjà été obtenues, notamment dans des zones très fragiles. J'en veux pour preuve que la mise en place de bandes enherbées sur le bord des cours d'eau pour la protection de l'eau porte ses fruits aujourd'hui. Nous avons le devoir de regarder s'il y a aussi des résidus de produits phytosanitaires dans l'eau, ce qui est sans doute beaucoup plus grave que les nitrates. En la matière, nous avons une vraie responsabilité dans nos pratiques.
Le choix des horaires de traitement a fait l'objet d'un débat. Il y a ces fiches dont je vous ai parlé tout à l'heure, mais nous n'allons évidemment pas les généraliser à l'ensemble des agriculteurs. C'est lorsqu'il y a des relations directes et étroites entre apiculteurs et agriculteurs que cela marche le mieux. Cela nous paraît préférable à des systèmes de réglementation reposant sur une « mention abeilles » très restrictive, source de blocages du côté des agriculteurs.
Dans un premier temps, les agriculteurs ont refusé la formation Certiphyto, au motif qu'ils « savaient faire ». Nous avons pris nos responsabilités en rendant obligatoires les formations organisées par Vivea, le Fonds pour la formation des entrepreneurs du vivant, et les agriculteurs ont reconnu après coup avoir modifié leurs pratiques en matière de traitements. Par exemple, lorsqu'un agriculteur sait qu'il y a des ruches à proximité de chez lui, il peut attendre le plus tard possible le soir pour traiter. Bien sûr, certains agriculteurs vous répondront que cela va les obliger à travailler le jour et la nuit. Nous sommes tout à fait favorables à la recherche de solutions alternatives, qui permettent d'avancer, et je suis preneur de toutes les recommandations que le docteur Bonmatin pourra nous adresser : nous essaierons d'en faire bon usage. Mais ce n'est pas à coup de ruptures systématiques que l'on y parviendra. Il faut avancer progressivement.
L'EFSA a demandé d'analyser la rémanence sur six années de rotation de cultures de l'imidaclopride. Si l'EFSA prend une décision d'interdiction, nous en prendrons acte. Mais sachez qu'il faudra que cette décision s'applique dans d'autres pays.
Le débat sur les OGM est très compliqué. Ce qui a été décidé récemment ne satisfait pas notre fédération. Chaque pays va en effet pouvoir faire ce qu'il veut, et cela complique la vie aux agriculteurs, qui ont pour mission de produire des cultures et des semences. Si, demain, on arrive à trouver les moyens de produire sans utiliser de produits phytosanitaires, nous sommes preneurs. M. Philippe Chalmin, qui préside l'Observatoire des prix et des marges, indique dans un rapport que le secteur le plus touché par la baisse des revenus est celui de l'amont - mais c'est un autre débat.