L'objectif, madame la ministre, est loin d'être atteint. Les scénarios climatiques établis par le GIEC indiquent qu'à trajectoires constantes, les températures pourraient croître de cinq degrés. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a organisé la semaine dernière une importante rencontre sur la lutte contre le réchauffement climatique et la préparation de la COP21. Un rapport consacré à cette conférence identifie les obstacles auxquels nous nous heurtons pour avancer. Ce qui freine le processus, c'est le manque de volonté politique. Le rapporteur du CESE relève que ces négociations sont avant tout économiques et géopolitiques, et restent dominées par une vision court-termiste, incompatible avec les enjeux du réchauffement.
Le protocole de Kyoto, signé en 1997, avait fixé des objectifs de réduction chiffrés pour les pays développés. Depuis lors, certains pays qui l'avaient ratifié s'en sont désolidarisés. D'autres l'ont rejoint au cours d'une seconde phase d'engagement, mais ce n'est pas le cas de pays comme la Chine ou l'Inde qui sont de très gros pollueurs. Ces pays considèrent que s'engager nuirait à leur développement. Ils affrètent chaque jour de grands bateaux pour venir chercher le bois de nos forêts et le rapporter chez eux avant de nous le renvoyer en planches ou en parquet. En matière de développement durable, on doit pouvoir faire mieux ! (Sourires)
Nous ne pouvons afficher une volonté de gouverner le climat si nous ne gouvernons pas l'économie. Or nous sommes incapables de prendre des directives ne serait-ce que sur les abeilles ! Le réchauffement climatique est intimement lié à nos modes de production et de consommation. Les émissions sont en grande partie l'effet des traités sur le libre-échange, qui n'ont pas seulement consacré le dumping social, mais aussi le dumping environnemental, dans une course effrénée à la concurrence. Nous sommes dans la même logique aujourd'hui avec les traités transatlantiques et transpacifiques. Tant que nous ne reconsidérerons pas nos modes de développement et de production, que nous ne placerons pas le climat au centre des négociations sur le commerce mondial, nous peinerons à trouver des solutions pérennes. Allez convaincre les Allemands qui développent le charbon à tout va !
C'est pour les mêmes raisons que nous ne parvenons pas à récolter les sommes nécessaires à l'abondement du Fonds vert, créé à Copenhague en 2009 et qui a pour finalité d'aider les pays pauvres subissant les effets du réchauffement climatique. L'objectif est d'atteindre 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020. Nous sommes loin du compte puisque la première capitalisation s'élève à 9,3 milliards de dollars. La France s'est engagée à contribuer à hauteur de 1 milliard de dollars. Pouvez-vous nous préciser comment cette contribution sera financée ?