Le principe de réalité doit nous amener à nous demander pourquoi les femmes ont autant de mal à s'impliquer dans le monde syndical. Il faut bien voir que tant que les femmes se poseront des questions sur leur emploi, la perte de salaire, leur carrière professionnelle, leur situation monoparentale, tant qu'elles auront peur l'avenir, que l'ascenseur social ne fonctionnera pas si elles s'engagent en dehors de leur travail, tant qu'elles seront dans l'incertitude quant aux conséquences sur leur retraite et la conciliation des temps de vie, elles ne souhaiteront pas s'engager dans le syndicalisme – ni d'ailleurs en politique et dans le secteur associatif. En tout cas, ce sont les réponses qu'elles nous donnent. Certes, le projet de loi reconnaît le parcours syndical au-delà de 30 % d'engagement, mais dans combien de temps, combien d'années cette reconnaissance sera-t-elle effective ? Il faudra attendre 2085 avant qu'hommes et femmes soient logés à la même enseigne professionnelle: ce projet de loi permettra-t-il une égalité syndicale d'engagement en 2085 ?
Dans le cadre des élections dans l'agriculture l'année dernière, l'égalité hommes femmes a été imposée dans les listes, puis cela est devenu une femme sur trois. La CFTC s'est arraché les cheveux pour trouver des femmes désireuses de s'engager dans un métier difficile. Qu'est-ce qu'on donne aux femmes pour qu'elles y gagnent par rapport à leur situation actuelle de salariée ?
Dans la perspective de notre congrès en novembre 2015, nous avons inscrit dans nos statuts que partout où il sera possible de présenter deux personnes, elles devront être de sexe différent, faute de quoi la structure ne pourra pas présenter de candidat. Nous savons déjà que certaines structures ne pourront pas être représentées au sein de notre confédération, faute de trouver des femmes qui remplissent les conditions – deux ans de responsabilité syndicale sont nécessaires pour arriver au niveau confédéral.
Par conséquent, faisons très attention à ce que l'on met dans une loi, car des sanctions, en l'occurrence l'annulation d'élection, pourraient avoir des conséquences extrêmement graves sur le dialogue social, mais aussi pour les salariés. Nous n'aurions peut-être même rien à gagner. Lorsque certains membres du gouvernement précédent avaient proposé que la négociation annuelle obligatoire (NAO) sur les salaires soit déclarée non valable dans les grandes entreprises en cas d'absence de parité, j'avais indiqué que cela reviendrait à rendre les femmes responsables dans les entreprises de ne pas avoir pu valider des augmentations salariales.
Enfin, s'agissant du bonus, qui va attribuer ces heures supplémentaires : la DGT, l'entreprise ? Ces heures supplémentaires seront-elles prises sur le contingent des hommes ? Autant de questions auxquelles il faut réfléchir.