L'appel à de nouvelles parties prenantes pour les contrats de ville n'est-il pas le signe que l'État n'a plus les moyens d'assurer lui-même certains financements ? Cela étant, l'élargissement des zones urbaines prioritaires peut aider à la résorption de ghettos qui n'ont que trop tendance à s'étendre.
Quant à l'évaluation, elle est sans doute nécessaire, mais il faut être attentif à ce qu'elle ne brise pas les dynamiques qui se sont imposées depuis plusieurs années, en matière immobilière par exemple. Ne cassons surtout pas la mobilisation des associations de proximité !
Le premier programme national de rénovation urbaine (PNRU) arrivant à son terme, il avait été décidé, en 2010, que l'ANRU lancerait un deuxième programme. Les nouveaux contrats dont vous avez parlé concerneront-ils les zones déjà couvertes par le premier ? L'évaluation n'est-elle pas susceptible de bloquer des opérations en cours, comme le chantier ANRU 1 à Thiers ? Mais, M. Pierre Sallenave, directeur général de l'Agence, qui se rendra sur place la semaine prochaine, nous donnera peut-être des informations à ce sujet.
Beaucoup s'inquiètent aussi de la rénovation de quartiers délabrés, telle la cité Gagarine à Ivry-sur-Seine, ou demandent une extension du plan national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD), qui ne concerne aujourd'hui que vingt-cinq quartiers. Ces interrogations, est-il besoin de le préciser, portent avant tout sur le financement des opérations. Si celles-ci devaient être remises en cause, ce serait une catastrophe pour les collectivités et associations concernées et, bien évidemment, pour les habitants qu'on priverait de logements dignes. J'ajoute que les problèmes de voirie et d'accessibilité provoqués par les travaux en cours obligent pratiquement à mener ces opérations à terme.
Enfin, le traitement des logements insalubres est une urgence sociale. Récemment, l'incendie d'un immeuble délabré a fait deux morts et deux blessés à Saint-Denis et, au cours des dix dernières années, ce sont trente personnes qui sont mortes pour les mêmes raisons dans cette ville, et six autres à Pantin l'an dernier. Bref, l'insalubrité des logements a causé trop d'accidents dramatiques. En raison de la pénurie de logements et des prix du parc privé, des familles modestes, des travailleurs pauvres, des chômeurs ou des sans-papiers s'en remettent à des marchands de sommeil qui les logent dans des conditions indignes et dangereuses. Qu'entendez-vous faire en leur faveur dans le cadre de la politique de la ville aussi bien qu'en liaison avec le ministère du logement ?