Le Président de la République a effectivement insisté sur l'Europe de la défense dans sa lettre à la commission du Livre blanc. Ce sujet est au centre de nos discussions. Un groupe de travail a même axé une bonne partie de ses réflexions sur ce thème. En outre, le rapport remis par Hubert Védrine évoque aussi ce point. Attendez-vous donc à ce que des choses précises sur l'Europe de la défense sortent du Livre blanc. Je n'en dirai pas plus à ce stade de nos travaux. Mais j'ai bien noté ce que vous avez dit, monsieur Fromion, à propos des forces spéciales. Pourquoi ne pas imaginer une initiative comme celle-là au niveau européen ? L'idée est intéressante.
Je n'ai effectivement pas parlé de la prolifération dans mon exposé mais il en est beaucoup question dans le document portant sur l'environnement stratégique. Les choses se sont aggravées depuis 2008 s'agissant de l'Iran, qui a continué à enrichir de l'Uranium. Nous avons découvert un nouveau site clandestin à Fordo. L'Iran prétend toujours que son programme est à vocation civile, mais le fait que le site soit clandestin laisse peu de doute sur son objectif. Et on ne voit pas très bien à quoi pourrait servir l'enrichissement d'Uranium pratiqué à si grande échelle. Sur ce sujet de très grande attention, vous trouverez des éléments dans le Livre blanc de 2012.
Quant à la politique de la France, il y a une continuité à cet égard. Nous faisons partie du petit groupe des pays qui négocient avec l'Iran et essaient de trouver une solution diplomatique à la crise, en utilisant l'arme des sanctions.
Sur la menace balistique, vous avez raison de dire qu'elle émane plus d'Iran que de Corée du Nord, pour des raisons évidentes de géographie. On peut observer que, depuis 2008, les capacités balistiques de l'Iran n'ont pas progressé au même pas que ses capacités nucléaires. C'est cette menace iranienne qui a motivé, au sein de l'OTAN, le débat et les décisions qui ont été prises sur la défense antimissile. Nous nous sommes engagés dans cette démarche avec beaucoup de précautions de façon à éviter que notre dissuasion ne soit affaiblie, que nous ne soyons entraînés sur le plan financier dans une aventure insupportable au regard de nos exigences en matière d'outil de défense, et, enfin, que ne s'ouvre, à travers ce débat, un front inutile avec la Russie. Celle-ci continue en effet à dire que la défense antimissile bâtie dans le cadre de l'OTAN met en cause sa force de dissuasion et touche donc à l'équilibre stratégique.