Oui, monsieur Boisserie, la sécurité aux frontières de l'Europe c'est important. Simplement, nous avons prévu, au niveau européen, un partage des tâches. Cela ne signifie pas que nous nous désintéressons de ce sujet central au regard de la lutte contre le terrorisme ou l'immigration clandestine. Cela étant, le SGDSN ne travaille pas spécifiquement sur ce point.
Pour ce qui est des catastrophes naturelles, je partage vos remarques : c'est un enjeu majeur. La protection contre les risques naturels est dans le champ de nos réflexions. Nous avons essayé de tirer les leçons de la tempête Xynthia au niveau interministériel, au SGDSN. Nous avons notamment examiné dans le détail comment s'articulaient toutes les problématiques de réseaux de communication. Il faut avoir à l'esprit, à cet égard, que plus on modernise les moyens de communication, en développant par exemple la voix sur IP, plus ces communications sont fragilisées : s'il n'y a plus d'électricité, il n'y a plus de communication. Comme nous avons pu le constater à l'occasion de la crise AZF, il est important que l'État dispose de moyens plus robustes pour faire face à de telles situations.
Le rôle de coordonnateur est joué par la cellule de crise. En cas de crise, le Premier ministre désigne un ministre – généralement le ministre de l'intérieur – qui a la responsabilité de mettre autour de la table toutes les parties prenantes. . Mais nous avons encore beaucoup de chemin à faire. Un groupe de travail de la commission traite de ces questions. En tout état de cause, je partage votre sentiment sur la nécessité qu'il faut faire plus en matière de gestion de crise en cas de catastrophe naturelle.
Sur la Chine, monsieur Folliot, je suis prudent pour deux raisons. D'abord, parce que, dans le domaine de la sécurité des systèmes d'information, l'attribution des attaques est très délicate. On peut très rarement la faire avec certitude. Tous les pays sont extrêmement prudents lorsqu'ils désignent un attaquant. Ni les Américains, ni les Allemands, ni les Anglais ne le font. Cela étant, on peut avoir des convictions à partir d'un faisceau d'éléments. Ensuite, s'agissant par exemple des équipementiers, nous sommes dans un domaine de compétition économique où les intérêts sont croisés.
Sur l'outre-mer, ce n'est pas parce que je n'en ai pas parlé que le sujet est ignoré. On a beaucoup reproché au Livre blanc de 2008 d'avoir été un peu court sur l'outre-mer. Celui de 2012 sera beaucoup plus développé à cet égard. Nous avons d'ailleurs procédé à de nombreuses auditions en la matière. Vous avez raison, c'est là que s'exprime le mieux la nécessité d'une continuité entre les moyens civils et les moyens militaires, la nécessité d'être parfaitement coordonnés pour faire face à la crise. C'est souvent dans les départements et territoires d'outre-mer que se produisent en effet les grandes catastrophes naturelles. Ce sujet est important également au regard de la sécurité nationale. Je pense par exemple à l'immigration clandestine et à l'orpaillage sauvage en Guyane. J'espère que vous ne serez pas déçu lorsque vous lirez le Livre blanc 2012.