Si personne ne répond à cette question, c'est qu'il n'existe aucune réponse satisfaisante et rigoureuse. La politique est l'art du possible. La vitalité des nations, hier et plus encore aujourd'hui, passe par la dynamique de la recherche scientifique et technologique. Une des causes du déclassement des pays européens par rapport aux États-Unis, c'est précisément l'atonie de notre recherche militaire. Jusqu'à un passé récent, la recherche technologique et scientifique était pourtant dominée par la recherche militaire, laquelle irriguait ensuite les marchés civils. Ainsi, le nucléaire a permis d'accomplir des progrès dans d'innombrables domaines, de même que, aux États-Unis, les recherches de la NASA ont bénéficié à de nombreux secteurs.
Aujourd'hui, c'est la défense qui court après la recherche, notamment dans le domaine du numérique. Les armes les plus évoluées rendent les interventions militaires plus efficaces, plus sûres, plus économes de la vie des gens, plus « propres » – terme qui, j'en conviens, est assez ambigu : on a pu lire des articles expliquant que le président Obama fait parfois la guerre tout seul avec des drones armés, lorsque les satellites ont repéré des terroristes d'Al-Qaida, au Yémen, au Pakistan ou en Afghanistan, mais ces armes n'en font pas moins toujours des dégâts collatéraux.
Toutefois, il ne faut pas rechercher partout et tout le temps la performance technologique. On n'a pas nécessairement uniquement besoin, compte tenu des adversaires qu'on rencontre sur un théâtre donné, du hi-tech le plus abouti. En même temps, le contrôle politique de ces opérations, surtout à distance, exigera des systèmes de télécommunications et des armes très performantes. Nous ne pouvons pas avoir une armée d'arcs et de flèches. Le juste milieu – in medio stat virtus –, c'est l'art de gouverner les hommes.