Intervention de général Jean-Louis Georgelin

Réunion du 21 novembre 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Louis Georgelin :

Lieutenant-colonel au bureau planification finances de l'état-major de l'armée de terre, je constatais déjà le tort que la compétition entre les armées causait aux lois de programmation militaire. Il me paraissait nécessaire que la conception globale de nos moyens militaires prévale. Elle ne pouvait être le fait, s'agissant des armées, in fine, que du chef d'état-major des armées. J'ai contribué à ce que ses responsabilités soient renforcées, que son autorité sur les trois chefs d'état-major d'armée soit clairement affirmée.

Je crois comprendre que l'on va redonner une certaine autonomie aux chefs d'état-major d'armée, afin, dit-on, de « remettre le ministre au centre du dispositif ». Comme si la réforme précédente avait en quoi que ce soit menacé son autorité ! Le problème n'est pas là. Aujourd'hui, les effectifs sont singulièrement réduits. L'armée de terre compte 135 000 hommes, la marine 50 000, la marine 45 000. Bien des entreprises françaises ont des effectifs plus importants. Les crédits étant chichement comptés, il me paraît normal de rechercher la complémentarité des moyens. Nous l'avons amorcée, loi de programmation après loi de programmation, en mettant en synergie l'ensemble des moyens, notamment dans la 3e dimension. C'est au prix de ces ajustements que nous arriverons à optimiser la dépense budgétaire : c'est le rôle du chef d'état-major des armées.

Votre deuxième question porte sur les effectifs, question sans cesse débattue. L'objectif opérationnel actuel pour l'armée de terre est de 30 000 hommes déployables en six mois pour une durée de un an, sans renouvellement. Alors qu'il était question de porter ce chiffre à 15 000 hommes, il me paraissait pas extravagant qu'un pays de 63 millions d'habitants, dont les armées totalisent 225 000 hommes, puisse déployer 30 000 soldats avec son armée de terre.

Vous dites que l'on ne peut gagner un conflit sans engager des hommes au sol. Mais, en même temps, l'exemple de la Libye montre que l'on peut participer à une coalition sans forcément déployer des hommes sur le terrain, les troupes au sol existaient certes, mais elles provenaient essentiellement de la rébellion. Pour autant, c'est vrai, il ne peut y avoir de solution durable sans un contact physique. Cela ne veut pas dire qu'il faille maintenir des effectifs pléthoriques. Le général d'armée Irastorza avait calculé que, en 1914, l'infanterie française pouvait être déployée de Nice à Dunkerque en plaçant un fantassin tous les mètres ; aujourd'hui, avec un fantassin tous les mètres, on irait de la porte Maillot à la porte de Clignancourt ! Il serait absurde de revenir à la situation antérieure. On dit qu'une compagnie moderne d'infanterie aurait autant de capacités de destruction qu'une brigade du débarquement. Un missile de croisière peut détruire ce qui, en 1914, aurait nécessité plusieurs régiments. Il faut trouver un équilibre. Le seuil de 30 000 hommes paraît raisonnable. C'est celui que, après des débats difficiles, avait retenu le précédent Livre blanc. Il est cohérent avec la situation stratégique et avec l'état de l'art en matière technologique.

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