Intervention de général Jean-Louis Georgelin

Réunion du 21 novembre 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Louis Georgelin :

La souveraineté n'implique pas nécessairement une présence constante sur l'ensemble du domaine maritime. Pour assurer une protection permanente de ce domaine, qui est le deuxième du monde, il faudrait, bien plus que le budget de la défense, une part considérable du budget de l'État ! Les Américains réfléchissent actuellement au recentrage de leur stratégie autour de ce qu'ils appellent l'A2AD (anti access access denial), c'est-à-dire la capacité de bousculer ceux qui s'opposeraient à l'accès aux zones communes que sont les océans, l'atmosphère terrestre ou l'espace.

Dans toute l'histoire militaire, on retrouve une typologie semblable à celle que vous évoquez. Ainsi, dans l'armée de terre, la Première Armée était vouée à affronter l'ennemi soviétique ; les « unités d'intervention », héritière de Leclerc, devait intervenir outre-mer en Afrique principalement, l'armée du territoire – chasseurs alpins et autres – était là pour défendre le territoire. Si l'on en arrive à la situation que vous décrivez, c'est que l'institution militaire n'aura pas été capable de trouver les voies et moyens de surmonter cette difficulté. Quand on sait le nombre d'unités qui composent l'armée de terre – quatre-vingts régiments, dont seulement vingt régiments d'infanterie –, on comprend qu'une certaine forme de la polyvalence des missions s'impose.

J'entends dire en effet que, depuis quelque temps, le mot « betteravisation » fait florès dans l'armée de terre. Mais au nom de quoi décréter que les opérations extérieures ne sont plus nécessaires ? Il est possible que, tirant les enseignements de l'Afghanistan, on soit moins enclin à intervenir. Mais la guerre, on ne la choisit pas. Ce sont nos responsabilités en tant que nation française ou les événements qui nous y contraignent. Il n'en est pas moins vrai que les réalités budgétaires pèsent et ont toujours pesé dans la décision d'intervenir. Il faut imaginer un type d'organisation qui rende la vie militaire attractive pour chacun, tant sur le territoire national que dans les opérations extérieures. C'est à l'institution militaire d'organiser la rotation des différents personnels, tout en respectant la nécessaire spécialisation.

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