Intervention de Gérard Romiti

Réunion du 13 mai 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins, CNPMEM :

Monsieur le président, vos propos nous réconfortent. La pêche française souffre en effet d'un manque de communication. C'est pourtant un secteur d'activité stratégique pour notre pays.

Comme son nom l'indique, le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) est une organisation professionnelle qui s'étend à l'aquaculture et regroupe tous les pêcheurs, des pêcheurs à pied aux pêcheurs embarqués en passant par les thoniers senneurs transocéanique ou les navires congélateurs. Les bateaux de moins de douze mètres représentent 80 % de la flotte. Tout le monde est représenté au sein de notre comité national et peut participer à nos débats et à l'élaboration de nos prises de position. Car notre comité national se structure de manière démocratique tant au niveau départemental et au niveau de ses quatorze régions qu'au niveau national.

La pêche est un domaine d'activité très encadré au niveau national, par le ministère et par la profession elle-même ; au niveau européen, par la politique commune de la pêche (PCP) ; au niveau mondial, en ce qui concerne par exemple le thon rouge. La France n'a pas à rougir de sa pêche et de son aquaculture, qui se placent au quatrième rang de l'Union européenne. La production fraîche représentait 310 000 tonnes en 2013 ; la valeur produite par la branche s'élevait en 2011-2012 à 1,749 milliards d'euros.

La pêche constitue un secteur stratégique pour l'emploi dans nos territoires. Par définition non délocalisable, elle procure un travail à 70 000 personnes. À chaque emploi en mer correspondent trois emplois induits à terre. Les entreprises de pêche françaises sont environ 7 000, auxquelles s'ajoutent l'élevage, le mareyage, la transformation et la vente en poissonnerie. Notre pays compte 150 coopératives ou filiales maritimes et 39 coopératives à la marée.

La pêche est un secteur hautement diversifié qui regroupe tous les métiers. Cette polyvalence s'observe tant sur la façade méditerranéenne que sur la façade atlantique. La pêche est aussi un secteur socio-économique et culturel. D'après de récentes enquêtes, 95 % des pêcheurs trouvent que leur métier leur plaît, et déclarent qu'ils referaient ce choix s'ils devaient entrer à nouveau dans la vie active, comme je peux le déclarer moi-même, qui suis patron pêcheur depuis 27 ans.

Le CNPMEM a pris des engagements forts en faveur d'un renforcement de l'attractivité de la profession. Le soutien à l'installation des jeunes constitue notre principal cheval de bataille. Il faut faire savoir qu'il y a pour eux de bons salaires à la clé. Le pêcheur de demain sera un ingénieur des mers possédant des connaissances halieutiques. Un brevet de technicien supérieur (BTS) a été créé il y a deux ans, tandis que douze écoles spécialisées existent et affichent complet. Les engagements pris par le CNPMEM ont contribué à une diversification des métiers et à la création de passerelles vers la marine marchande ou vers la marine nationale. Celui qui exerce le métier de pêcheur ne reste donc pas bloqué dans un secteur particulier.

L'emploi dans la pêche peut même servir d'ascenseur social à ceux qui savent saisir les occasions. La création du BTS devrait contribuer à cette dynamique, car elle permet de professionnaliser le métier. En tout état de cause, le secteur maritime ne connaît pas le chômage. Au contraire, la main-d'oeuvre y fait plutôt défaut, qu'il s'agisse de recruter des petites mains ou des cadres. Au bout de plusieurs années, après avoir passé quelques modules, le matelot pourra devenir, patron de pêche, chef d'unité ou armateur. C'est une situation rare par rapport aux autres professions.

Reconnaissons cependant que le métier présente un certain danger. C'est pourquoi le CNPMEM travaille à une meilleure prévention des risques comme à l'amélioration de la sécurité. Il a dernièrement développé le vêtement de travail à flottabilité intégrée (VFI) à balise incorporée, qui permet désormais au patron de pêche de localiser et de récupérer en quelques minutes le pêcheur tombé à la mer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion